Christine Détrez, professeure de sociologie à l’ENS de Lyon, nous présente l’ouvrage « Sociologie des émotions » qu’elle a co-écrit avec Kevin Diter, maître de conférences en sociologie à l’Université de Lille, et chercheur au CLERSE.
Sociologie des émotions
Christine Détrez et Kevin Diter
Éditions Armand Colin
Collection U
Christine Détrez, professeure de sociologie à l’ENS de Lyon, publie, le 18 juin 2025, Sociologie des émotions, ouvrage qu’elle a co-écrit avec Kevin Diter, maître de conférences en sociologie à l’Université de Lille, et chercheur au CLERSE. Destiné aussi bien aux spécialistes qu’au grand public, ce livre a pour vocation de faire découvrir le paysage des émotions sous l’angle de la sociologie, tout en encourageant le lecteur à faire ses propres recherches et expériences. Christine Détrez a répondu à nos questions et nous en présente les grandes lignes.

Christine Détrez © Esby (talk), CC-BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons
Que proposez-vous aux lecteurs à travers cet ouvrage ?
Avec Kevin, nous souhaitions écrire un livre qui synthétise et qui actualise un peu tout ce qui s'est fait sur les émotions en sciences sociales, au sens large, et avec beaucoup d’exemples empiriques et d’enquêtes, parce que c’est cette façon de faire de la sociologie qui nous semble importante, aussi bien à l'ENS de Lyon qu’à l’Université de Lille, où travaille Kevin. À l’inverse, ce qu'on ne voulait pas faire, c’est un livre qui soit thématique, avec « 1. La colère, 2. La joie, 3. La tristesse », etc. Nous proposons donc aux lecteurs un panorama problématisé et international des recherches qui s'emparent de la question des émotions en sociologie, mais aussi en sciences sociales en général. À noter que Kevin amène toute une bibliothèque anglo-saxonne sur ces questions qui ne peuvent être traitées uniquement dans le cadre franco-français, car ce sujet d’étude est assez récent en France, alors qu’il est traité depuis 50 ans aux États-Unis.
Aviez-vous d’autres objectifs particuliers en préparant ce livre ?
Oui, tout à fait : nous voulions faire en sorte que ce livre soit hyper accessible. Il est nourri par notre façon de faire de la sociologie, avec la volonté de s'appuyer d’abord sur des enquêtes empiriques, puis d'essayer d'écrire de manière à ce que tous les publics, même s’ils ne sont pas experts, puissent s’en saisir. Pour nous, pouvoir être lu par les collègues, mais aussi par les étudiantes et étudiants, et finalement toute personne en prise avec des émotions, c'est vraiment important. L’objectif était donc aussi de fournir un outil de réflexion, non exhaustif, avec l’espoir que les gens s'en emparent, et qu'après, ils aillent réfléchir dans leurs enquêtes à eux. Notre but de départ était de dire : « On choisit des exemples précis, et on les décrit et on les développe ». Ça ne parle pas de toutes les enquêtes et de tous les travaux en sociologie des émotions, mais de ceux qui nous ont semblé utiles pour pouvoir construire sa propre réflexion.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Les émotions, c’est un champ extrêmement vaste et passionnant. Quand on lit des enquêtes, on constate que les observations viennent contre nos a priori et nos sens communs. Quand on lit que la peur, la nostalgie ou la confiance, sont des émotions qui changent selon les siècles et selon les aires géographiques où on habite… C'est complètement contre-intuitif.
J'ai adoré écrire ce livre-là, même si c'était beaucoup plus difficile que ce que je pensais, comme à chaque fois, et ça m'a donné l'occasion de lire des travaux passionnants. Du coup, j'espère que cet ouvrage donnera envie aux lecteurs d'aller lire plein d’autres livres et plein d'articles sur ce thème. Le but est vraiment d'encourager à lire, à réfléchir et à se poser des questions sur la place des émotions dans notre société.
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