Alors que la guerre d'Ukraine, hybride, révèle des nouvelles modalités d'affrontement, le cyberespace en devient l'un des cœurs, tant en termes de planification opérationnelle qu'en termes de représentations des acteurs du conflit aux yeux du monde. Après le phénomène qualifié de « new space », les acteurs privés se saisissent du cyber et du développement de l’intelligence artificielle, s’impliquant aux côtés des armées régulières sur les théâtres d’opération, remodelant ceux-ci.
Toutefois, cette guerre est celle de la rapidité, de l’innovation, où la technologie et l’ingénierie dissipent le « brouillard de la guerre », sans pour autant parvenir à se saisir de l’entièreté du champ de l’information qui inonde la toile à chaque instant. En ce sens, les conflictualités se déplacent et se jouent derrière nos écrans, comme le rappellent les campagnes de désinformation, qui fragilisent et influencent les mentalités.
Amie et atout des chefs militaires dans la prise de décision, l’intelligence artificielle s’avère aussi un élément à contrôler, et à sécuriser, tant son intérêt devient stratégique. En mai 2024, la France s’est dotée de l’AMIAD, Agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense afin de s’adapter aux nouvelles menaces, témoignant d’un changement de paradigme : celui de l’abondance des data. L’enjeu est alors de saisir l’insaisissable, au risque de se voir dépassé, la guerre de demain se jouant déjà à l’Est…
Stéphane Taillat : maître de conférences HDR à l’Institut Français de Géopolitique détaché à l’Académie militaire de St-Cyr Coëtquidan, spécialiste de la conflictualité numérique et de la stratégie cyber des États-Unis
Julien Nocetti : chercheur associé au centre Géopolitique des technologies de l'Ifri, Centre d'analyse, de prévision et de stratégie (CAPS)
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