Jocelyn VEST (EA 1633 - CERCC)
Au début du XI.xe siècle s'amorce, en réponse à l'instabilité du monde, une crise de la représentation. Elle se traduit, dans les milieux romantiques, par une écriture de l'ambiguïté que 1'on a coutume de désigner sous le nom de fantastique. En marge des visions grotesques ou dissonantes qui caractérisent de nombreux textes hoffmanniens, les récits de Charles Nodier, Joseph von Eichendorff, mais également, en partie du premier Gautier ou de Tieck, mettent en place un fantastique onirique, tirant vers le merveilleux. Touchant à l'intime et révélant les désirs cachés du sujet, cette modalité du fantastique sera appréhendée, à rebours d'une tradition critique qui privilégie l'étude de l'événement, sous l'angle du personnage. L'analyse comparée d'un corpus synchronique composé de contes et nouvelles de l'époque romantique se propose ainsi de contribuer à une poétique du fantastique et d'éclairer la relation qu'entretiennent les romantismes français et allemands. Ce travail fait tout d'abord ressortir la présence de rôles récurrents et de modalités de construction communes. Le récit est centré sur la relation unissant une figure fantastique et un sujet, autour duquel gravitent deux types, l'un donnant corps à l'interprétation surnaturelle, l'autre la rejetant. Le fantastique ne naît cependant pas uniquement de caractéristiques ontologiques, mais résulte d'une manipulation, qui joue sur l'évolution des interactions entre les personnages et sur les liens qui se tissent entre les différents niveaux narratifs. Cette manipulation sert un discours anthropologique et esthétique, qui révèle des points de convergence entre les romantismes français et allemands, esthétiques notamment, mais aussi des divergences profondes, quant à l'évaluation du rêve et de la folie ou des rapports entre littérature et religion.
ENS de Lyon - Site Descartes - Salle D2.034 (ex F008)
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