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Devenir une “bonne apprentie”. Pratiques langagières et socialisation de jeunes migrantes dans un dispositif transitoire. Une ethnographie à Hambourg

Date
Jeudi 25 septembre 2025
Horaires

10h

Lieu(x)

D2-034

Intervenant(s)

Mme Mareike BOLDT, du laboratoire ICAR, sous la direction de Mesdames LAMBERT et BALDAUF-QUILLIATRE

Langue(s) des interventions
Description générale

Résumé de la thèse

Cette thèse porte sur les dimensions langagières de la socialisation scolaire et professionnelle de jeunes migrants et migrantes récemment arrivés en Allemagne. Elle s’appuie sur un terrain ethnographique mené à Hambourg, dans un dispositif transitoire – la « Préparation duale à la formation professionnelle pour les migrantes et migrants » (AvM-Dual) – destiné à faciliter l’entrée de ces jeunes dans une formation en alternance. 

Ce dispositif repose sur deux principes majeurs : l’alternance entre école et entreprise, inspirée du modèle dual allemand, bien qu’il s’agisse principalement de stages de familiarisation ; et l’idée que la langue allemande peut être acquise de manière immersive en entreprise. La thèse interroge cette double logique à travers l’analyse des pratiques langagières qui structurent et traduisent les normes sociales, scolaires et professionnelles du dispositif.

Les élèves rencontrés se trouvent à un moment charnière de leurs trajectoires, entre adolescence et vie adulte, entre scolarité et insertion professionnelle. Ils et elles sont confrontés à des exigences multiples : apprentissage accéléré de l’allemand, appropriation des normes scolaires et professionnelles, intégration sociale. Dans ce contexte, les attentes institutionnelles se matérialisent sous forme de catégories – souvent implicites et situées – définissant les compétences langagières et professionnelles jugées nécessaires. Ces catégories apparaissent dans les textes de cadrage (Bildungsplan, brochure, sites Internet du AvM-Dual), sont portées par les discours et se construisent dans les interactions quotidiennes. Elles dessinent la figure implicite de la « bonne apprentie », à laquelle les élèves migrant·es sont progressivement confronté·es. C’est au regard de cette figure qu’ils et elles sont évalués, et parfois assignés. 

En mobilisant une approche sociolinguistique ethnographique et interactionnelle, fondée sur plusieurs mois d’enquête (observations, entretiens, prise de notes, enregistrements audio-vidéo, documents institutionnels, productions d’élève), la recherche suit notamment les parcours de trois jeunes filles scolarisées dans ce dispositif. Elle analyse comment les normes langagières sont formulées, interprétées et reproduites au sein du dispositif. 

Deux axes structurent l’analyse : d’une part, les conditions d’entrée, de maintien et de sortie, dans lesquelles la langue allemande opère comme critère d’orientation et de sélection ; d’autre part, les formes d’articulation entre école et entreprise, à travers l’étude des discours et de situations « hybrides », où se mêlent des exigences scolaires et professionnelles.

L’étude met en lumière les tensions auxquelles sont confrontés les élèves migrants et migrantes, pris entre des attentes scolaires fortement normées et des exigences professionnelles davantage contextualisées, au sein d’un dispositif transitoire tel que l’AvM-Dual. Elle montre comment les pratiques langagières participent à la construction de leurs trajectoires, et comment le langage contribue, dans ce contexte, à renforcer des inégalités d’orientation et de reconnaissance dans l’accès à la formation professionnelle.

Gratuit

Mots clés

Disciplines