Tout en retraçant la genèse de la réflexion sur les fondements du droit (uṣūl al-fiqh) dans le Ḥanbalisme, les différentes parties de la thèse analysent les différentes étapes de la théorisation du principe de l’intérêt général (Maṣlaḥa) au sein de cette école juridique, et la profondeur intellectuelle des auteurs emblématiques de cette doctrine entre les XIe et XIVe siècles (al-Farrā’, Ibn ‛Aqīl, Ibn Qudāma, Ibn Taymiyya, Ibn al-Qayyim al-Ǧawziyya et al-Ṭūfī). Le travail dévoile les tensions qui animent leurs textes et montre comment se sont forgées au sein de l’école des distinctions fondamentales entre le droit religieux et les rites (‘ibādāat) d’un côté, et les transactions sociales, économique et politiques (mu‛āmalāt) d’un autre côté. La thèse contribue ainsi à nuancer fortement l’a priori négatif qui est cultivé à propos de cette école, réputée rigoriste et récupérée aujourd’hui par des courants ultra-orthodoxes comme le salafisme. Il montre notamment comment s’est développé au fil des étapes de sa fondation et dans le sillage des discussions avec ses adversaires doctrinaux, de nombreuses idées originales sur les normes juridiques, ouvrant ainsi la voie à des formes de sécularité au niveau de la fondation des règles sociales et politiques. Les différentes analyses soulignent également l’effort de ces juristes pour réconcilier les exigences du réel et de la contingence avec l’idéal moral qui découle directement de leur vision théologique, et qui accorde une place centrale à l’intérêt général et à la justice.
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