Le séminaire « RE/LIRE LES SCIENCES SOCIALES » vous propose une rencontre autour du livre Le vote FN au village : Trajectoires de ménages populaires du périurbain
- Violaine GIRARD, Editions du Croquant, coll. « Sociopo », 2017
Préparation et animation de la séance
- Vaimiti Goin et Ophélie Savanier (élèves à l’ENS de Lyon)
Responsable de la séance
- Marlène Bouvet, doctorante Centre Max Weber, ENS de Lyon
Ressources numériques
Lire le compte rendu de Benjamin Chevalier in Revue Lectures
La percée du Front National aux élections présidentielles de 2017 a nourri de nombreux commentaires sociologiques et géographiques. Il s’agit de comprendre qui sont les nouveaux électeurs de ce parti politique d’extrême droite, et surtout en quoi consistent les motivations de leur vote. Si l'on en croit certains experts, les espaces périurbains, en marge des grandes métropoles, constituent les principaux viviers de progression du Front National. Ce survote à l’extrême droite résulterait en effet du sentiment d’abandon des classes populaires, d’une France périphérique qui aurait le sentiment de subir la mondialisation.
C’est cette vision schématique, pour ne pas dire réductrice, que discute Violaine Girard dans son ouvrage, dans le cadre d’une étude de terrain de plusieurs années menée dès 2003 dans une commune située à 40 km de l’agglomération lyonnaise.
Pour cela, l’auteure procède à une analyse détaillée des trajectoires des ménages populaires de cette vallée industrialisée. Violaine Girard démontre ainsi que cette nouvelle classe ouvrière est beaucoup plus hétérogène qu’on ne le pense. L’accession à la propriété, et les mobilités sociales ascendantes de certains ouvriers expliquent leur rejet des classes les plus populaires, qui habitent les logements sociaux et sont perçues comme « assistées ». Ces logiques d’exclusion se doublent d’une volonté de tenir à l’écart les minorités racisées, volonté que les élus locaux soutiennent pour préserver l'entresoi de ces ménages ouvriers jaloux de leur « respectabilité »
C'est dans un second temps que l'auteure s’applique à relativiser les votes à l’extrême droite, notamment au regard de l’abstention. Sans nier une certaine banalisation du Front National dans ces espaces, elle contredit la thèse d’un électorat Front National majoritairement composé d’ouvriers déçus de la gauche, et qui seraient passés d’un extrême à l’autre. Il s’agit en effet, majoritairement, d’électeurs de la droite traditionnelle.
Prenant ses distances avec les spéculations hasardeuses sur ces « classes dangereuses », dont les mutations se traduiraient en l'émergence d'un vote non moins dangereux, Violaine Girard enracine son analyse dans une enquête approfondie et multidimensionnelle (entretiens, statistiques, analyses de discours officiels) qui permet la mise à l'épreuve magistrale d'une hypothèse encore bien fragile.
Invitée :
- Violaine Girard, autrice de l'ouvrage présenté, sociologue, maîtresse de conférences à l'université de Rouen, membre du DySoLab (laboratoire des dynamiques sociales).
Discutant.e.s
- Christèle Marchand-Lagier, maîtresse de conférences en science politique à l'université d'Avignon et des pays de Vaucluse, spécialiste du vote Front National.
- Gérard Mauger, sociologue spécialiste des classes populaires, directeur de recherches émérite au CNRS et chercheur au Centre de sociologie européenne.
Gratuit
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