Et si la réalité n’était qu’une question de points de vue ? De la métaphysique leibnizienne jusqu’à l’anthropologie animiste de Viveiros de Castro, en passant par la philosophie nietzschéenne, nombreux ont été les partisans du perspectivisme philosophique. Malgré la diversité et le caractère antithétique des pensées qui le traversent, le perspectivisme philosophique se condense dans la double profession de foi suivante : notre accès au réel n’est jamais que particulier, et c’est de cette particularité que dérive notre individualité. Outre le problème de l’objectivité et de l’universalité d’un réel qui se partage en une pluralité de points de vue – tantôt convergents, tantôt divergents –, le perspectivisme pose un problème phénoménologique de taille : si notre perspective est relative, avons-nous seulement une expérience de notre propre variabilité ? En resituant les coordonnées d’un débat contemporain engageant l’histoire de la philosophie occidentale, la phénoménologie et les sciences humaines, il s’agira de définir conceptuellement le perspectivisme, d’en reconstituer les arguments principaux avant d’évaluer leur validité et leur pertinence.
Le cours se divisera en deux moments : le premier consistera en une généalogie historique du perspectivisme (Nicolas de Cues, Alberti, Descartes, Leibniz, Nietzsche), le second en un examen de l’actualité philosophique du paradigme perspectif (Deleuze, Merleau-Ponty, Viveiros de Castro, E. Bimbenet) et en sa critique phénoménologique (J. Benoist, G. Jean).