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Actualité de l'ENS de Lyon

Retour sur les Journées Interfaces : une semaine pour prendre le temps de comprendre et de réfléchir

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Les étudiants en 1ère année du diplôme de l’ENS de Lyon étaient tous présents, attentifs et curieux, pour comprendre un peu plus le monde dans lequel ils vivront et travailleront, et surtout réfléchir à leurs choix futurs et à leurs actions à venir. Une semaine de parenthèse dans le quotidien des cours pour trouver du sens. Ce n’était pas perdre son temps. Loin de là !


L'objectif de ces 5 jours ? Sensibiliser les étudiants de l’École aux enjeux complexes auxquels nous sommes et serons confrontés à l'avenir (transition écologique et numérique, nouveaux risques individuels et collectifs, futur de la recherche...). 5 jours intenses et riches en enseignement.

Jour 1 : Réfléchir 

La semaine a débuté avec une table ronde "Agir dans l'incertitude", réunissant des enseignants-chercheurs de l’École. Marie Sémon (Biologie), Samuel Lézé (Philosophie), Bogdan Marekha puis Martin Vérot (Chimie), et Gérard Vidal (Météorologie) ont discuté avec la salle de leurs expériences , en tant qu’enseignants-chercheurs, de l’incertitude et des opportunités qu’elle peut permettre. Un dialogue incessant, croisant les approches scientifiques - de la philosophie à la météorologie -, qui permit de poser, au fil des échanges et des points de vue, les supports d’une réflexion plus personnelle sur le métier d’enseignant-chercheur et son fonctionnement.

Clément Pieyre, Florence Codet et Myriam Chermette, de la Bibliothèque Diderot de Lyon, ont ajouté leur pierre à l’édifice en faisant découvrir aux normaliens les enjeux et les blocages liés à la science ouverte. De quoi réfléchir aux enjeux sociétaux, mais aussi financiers, de la recherche et à leur propre prise de position, en tant que futurs chercheurs.

F BoucherDernier temps fort de cette journée bien chargée, deux conférences sur le thème « recherche et transition », l'une donnée par Olivier Hamant à partir de son dernier ouvrage, La troisième voie du vivant (2021, Éditions Odile Jacob), et l'autre par Freddy Bouchet sur les incertitudes fondamentales pour les impacts des changements climatiques. Le message, très optimiste, délivré aux étudiants est clair : vous êtes la première génération d’un nouveau monde, vous avez du sens à donner à vos activités. À vous d’agir pour changer le monde !

Bref, ce premier jour a permis de poser le cadre et les bases d’une réflexion à garder en mémoire pour toutes les autres activités de la semaine.

Jour 2 : Ateliers pratiques

Le deuxième jour, place aux ateliers pratiques pour sensibiliser aux enjeux de la transition écologique : Sulitest, Fresque du climat et atelier 2Tonnes (pour ceux qui avaient déjà participé à la Fresque). L’ambiance est joyeuse, animée, mais toujours studieuse. Le sujet est important ; les étudiants en ont conscience.fresque du climat

Jour 3 : Qu'est-ce que la recherche impliquée ?

EffiscienceLe troisième jour, l’association EffiSciences intervient pour permettre aux étudiants de mieux comprendre ce que veut dire, et ce que peut être, aujourd'hui, la recherche impliquée. La présentation générale est complétée par trois conférences, au choix, sur le changement climatique, les biorisques et la sûreté des intelligences artificielles. L’enjeu est de taille. Les normaliens sont attentifs et n’hésitent pas à poser des questions pour mieux comprendre ce qu’est la recherche impliquée et en quoi elle est indispensable. La conférence de Stéphanie Rudy, chercheuse en philosophie des sciences, permet ensuite de prendre la mesure des enjeux liés à la recherche impliquée. Faut-il valoriser une recherche fondamentale sans objectifs et sans contraintes ou la recherche doit-elle s’engager au service des citoyens et répondre à des objectifs ciblés et à court terme ? Question essentielle à laquelle chaque étudiant devra répondre s’il souhaite faire de la recherche.
Cette matinée devait être complétée par une visite de l’exposition "Nous les fleuves" au Musée Confluences. Malheureusement, des problèmes de sécurité ont conduit le Musée à fermer ses portes le mercredi. Les groupes prévus le jeudi après-midi ont cependant pu aller visiter l’exposition.

Jour 4 : Prévenir

Place à la prévention au quatrième jour de la semaine avec un atelier théâtre inspiré : "l'amphi de réduction des risques". Et un grand merci aux deux intervenants, Alain Lagneaus et Lylian Jolliot, comédiens de leur état et anciens addicts, qui ont partagé leur vécu, spontanément, sans rien cacher des difficultés qu’ils ont pu rencontrer. Retours d’expérience, interractions avec la salle et mini mises en scène ont permis aux étudiants de mieux comprendre les risques possibles, voire, pour certains, de trouver une écoute attentive et délicate. Arrêtons le silence sur les addictions et essayons de faire évoluer la situation, tel était le message que voulaient faire passer les comédiens. Il semble avoir été entendu.atelier théâtre

Jour 5 : Agir

Le cinquième et dernier jour fut tout aussi intense que le premier. La matinée était dédiée au numérique. L’objectif était de sensibiliser les normaliens aux enjeux de la sécurité informatique et du numérique responsable. L'Agence nationale sur la Sécurité des systèmes d'information a ainsi montré l’ampleur des risques tout en proposant des solutions pour y remédier. Viviane Delattre, directrice de la DSI de l’École, a insisté sur les bonnes pratiques du numérique à respecter, dans son travail comme dans sa vie quotidienne, et montré ce que l’École mettait en place pour limiter son impact numérique.

Philippe DescolaAcmé de cette semaine haute en activités en découvertes : Philippe Descola, anthropologue réputé, Professeur au Collège de France et ancien élève de l’ENS de Fontenay Saint-Cloud, a présenté l’écologie politique, telle qu’il la décline dans ses travaux, dans une conférence intitulée "Cosmopolitiques de la Terre". Durant 2 heures intenses, les étudiants se sont confrontés à une pensée forte, parfois nouvelle pour eux, et ont appréhendé une question essentielle : "Comment faire, nous européens, déconnectés de la nature et des non humains, pour retrouver du lien avec notre environnement ?" Philippe Descola leur a donné une piste : d’autres que nous ont inventé de nouvelles formes de communion avec leur environnement. Maintenant, c’est à nous de lutter contre les institutions du capitalisme et de laisser libre cours à notre imagination pour trouver de nouveaux modèles de vie.

De quoi envisager différemment son futur métier de chercheur…

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