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AILyS, un projet de cluster IA du site Lyon Saint-Étienne, coordonné par l’ENS de Lyon

Entretien avec Aurélien Garivier
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Entretien avec Aurélien Garivier, coordinateur du projet AILyS à l'ENS de Lyon.


La réponse du site à l’appel à manifestation d’intérêt IA Cluster a été déposée le jeudi 9 novembre 2023. Ce projet regroupe 16 établissements ou organismes du site ainsi que des entreprises. Rencontre avec Aurélien Garivier, professeur à l'École normale supérieure de Lyon, membre de l'Unité de mathématiques pures et appliquées (UMPA), associé au Laboratoire de l'Informatique du Parallélisme (LIP) et qui est le coordinateur du projet.

Aurélien Garivier
Portrait d’Aurélien Garivier. Crédit : DR.

Q : Pourquoi AILyS ?

Aurélien Garivier : Il s’agit de la 2e vague concernant les projets d’IA (intelligence artificielle). Nous n’avions pas répondu en 2018 mais, depuis, nos forces sur le site se sont développées et mises en réseau, donc nous étions prêts à nous engager dans un projet plus structurant pour l’IA au niveau du site de Lyon-Saint-Étienne. Nous comptons déjà dans les forces importantes en France, avec 230 chercheurs travaillant principalement sur l’IA, 15 ERC, 8 IUF, plus de 200 thèses et près de 500 publications. Notre ambition est de figurer demain parmi les sites reconnus au plan européen. Si nous l’obtenons, la labellisation cluster-IA sera un atout certain.
Au-delà de cette ambition pour le site, le projet AILyS est un moyen supplémentaire de répondre aux nombreux défis et opportunités que nous pose le développement de l’IA, tant sur le plan de la recherche que de la formation et de l’innovation, pour une IA utile à l’ensemble de la société.

Q : Quels sont les défis particuliers que relève le projet AILyS ?

Aurélien Garivier : Bien qu’embrassant l’intelligence artificielle sous tous ses aspects, le projet AILyS a choisi de s’attacher à deux défis particuliers : d’une part, développer une IA de confiance, inclusive et, d’autre part, travailler tout particulièrement sur la question de la frugalité.
En premier lieu, il est impératif d’ancrer le développement des innovations de l’IA sur des bases éthiques solides afin de garantir leur usage pour et par tous, de manière fiable et protectrice des droits individuels et collectifs. Le rôle des sciences humaines et sociales est ici déterminant, non seulement pour tenir compte des limites sociales et écologiques tout en visant à réduire l’impact de la fracture numérique, mais même pour réussir à réellement mettre en œuvre une vision de la santé fondée sur les 5P (personnalisée, préventive, prédictive, participative, basée sur des preuves).
Concernant la frugalité, il est indispensable tant sur le plan étique que très pratiquement de réduire l’impact environnemental de l’IA, mais aussi de concevoir des algorithmes plus économes en données et plus simples à utiliser. C’est une vraie ambition et suppose un arbitrage sérieux entre efficacité et complexité des méthodes, alors que jusqu’à présent, les illustrations de l’IA nous ont livré des démonstrations très spectaculaires mais qui peuvent difficilement être mises en place pour répondre aux vrais besoins de l’économie et de la société. C’est aussi de cela que nous devons nous préoccuper, en lien avec le 1er défi.

Q : En quoi consiste le projet AILyS en tant que projet phare de l’enseignement et de la recherche du site de Lyon-Saint-Étienne ?

Aurélien Garivier : Le projet consiste à s’appuyer sur les forces et les compétences du site, avec l’idée d’abord de structurer ce qui existe déjà qui fonctionne et, ensuite, de compléter avec des actions qui n’existent pas encore. Par exemple, pour les disciplines mathématiques et informatique au cœur des algorithmes, nous avons déjà des compétences très grandes avec nos laboratoires adossés à Lyon 1 et à l’ENS de Lyon, en lien avec les organismes comme INRIA et le CNRS ; autre domaine où le site est très bon, la santé, avec les Hospices civils de Lyon, le Centre Léon Bérard et nos universités, ainsi que le groupement sanitaire Houraa des données de santé à l’échelle de la Région Aura ; également un point de force avec les sciences de la nature et de l’ingénierie ainsi que le support technique de MésoLyS qui va regrouper les 3 gros centres de calcul du site lyonnais. Nous souhaitons soutenir et développer un potentiel très important avec une approche pluridisciplinaire dans lesquelles les sciences sociales, le droit, les disciplines artistiques sont très importants. 
Concernant les actions à créer ou à faire croître, elles ont trait au développement de l’attractivité pour les étudiants en formation initiale, pour les personnes en formation continue et bien sûr aussi pour les chercheurs et les industriels, sans oublier le grand public et les citoyens. Elles s’appuient sur la richesse et la complémentarité de notre consortium. Nous créons par exemples deux doubles-licences : math-info d’une part, info-droit d’autre part. Nous regroupons nos forces de recherche, de formation et d’innovation en IA, dans une logique thématique commune, tournée autour de l’IA et de son développement. La gouvernance du projet permettra d’inclure les établissements tout en étant guidés par l’ambition commune d’être une référence reconnue en IA, capable d’accompagner les acteurs dans leur transformation.

Quelques exemples ci-dessous, dans les actions et outils que nous avons prévus : 

  • la création d’une Graduate School qui organise la transition du master au doctorat et l’attribution de « PhD tracks », un dispositif d’attractivité ; 
  • la création d’une trentaine de chaires de recherche ;
  • la création d’une « serre à projets » hébergeant des équipes de 4 à 6 étudiantes et étudiants, encadré(e)s par des professionnels de l’analyse des données et des titulaires des chaires de recherche ;
  • un effort inédit sur la formation continue, avec la création d’un programme pluri-annuel co-construit entre les secteurs académiques et industriels ;
  • le financement de projets pédagogiques, de recherche et d’innovation innovants à travers des appels ciblés ;
  • la création d’un tremplin de l’innovation pour stimuler le transfert des technologies d’IA vers l’économie ;   
  • le mésocentre Mesolys qui s'appuie sur le cluster des 3 datacentres du site lyonnais pour fournir moyens de calcul, de stockage et support technique nécessaires
  • et de multiples actions en direction du grand public, pour favoriser un regard éclairé et critique sur l’IA.

Le budget total du projet s’élève à 94M€, qui se composent d’un apport de 29M€ des établissements publics, 25M€ des entreprises, et 40M€ de soutien demandé à l’ANR.
 

Les partenaires du projet AILys
- Université Claude Bernard Lyon 1
- Université Lumière Lyon 2
- Université Jean Moulin Lyon 3
- Université Jean Monnet à Saint-Étienne
- CPE Lyon
- École Centrale de Lyon
- École des Mines de Saint-Étienne
- ENTPE, école de l’aménagement durable des territoires
- Institut National des Sciences Appliquées de Lyon
- CNRS Délégation Région Auvergne-Rhône-Alpes
- INRIA Lyon
- INSERM
- Centre Léon Bérard
- Hospices Civils de Lyon
- IFPEN
Une trentaine d’entreprises ont déjà confirmé leur souhait de participer au consortium.


Lire le communiqué sur le projet AILyS

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