Outils

Actualité de l'ENS de Lyon

Rencontre avec les référent.es Égalité

Picto Égalité F/H
Actualité
 

L’ENS de Lyon s’est dotée d’un dispositif de signalement dans le cadre de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et toute forme de harcèlement et discrimination. Ce dispositif a été adopté par le CHSCT le 10 avril dernier. Les référent.es Égalité, Camille Martin et Yan Li Le Dantec*, ont répondu aux questions d’Entre Nous.


En quoi consiste votre mission de référent.es Égalité ?

Yan Li le Dantec : Elle consiste à écouter les personnes qui ont besoin d’égalité, à en prendre la mesure et à proposer des solutions pour répondre au besoin d’égalité partout où il existe dans l’École. En tant que référent.es, nous sommes aussi un lien dans un réseau plus large, au niveau des ENS, au niveau du site, au niveau de l’ESR (organismes de recherche, autres établissements, ministère). À ce titre, nous serons en mesure de dégager des solutions systémiques en nous appuyant ce qui est fait ailleurs. Notre objectif est d’apporter un accompagnement non seulement aux personnes qui en ont besoin, mais aussi à l’ensemble de la communauté.

Camille Martin : Au-delà de la question des VSS, notre mission nous met en prise sur tous les nombreux sujets liés à l’égalité et à l’inclusion dans l’École. Nous sommes à la fois des capteurs et des relais. Nous sommes très impliqués dans l’élaboration du Plan Égalité qui devrait être adopté à la fin de l’année universitaire par les instances de l’École.

[NDLR : voir lettre de mission des référents]

Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter ou à postuler à cette mission ?

Camille Martin : J’étais déjà très sensibilisée à la question des violences sexistes et sexuelles. En tant que sociologue, j’ai vu avec intérêt le mouvement #Me-too qui a permis à la parole de se libérer. J’avais vraiment envie d’être formée aux questions de harcèlement et de réfléchir aux actions possibles.

Yan Li le Dantec : Pour ma part, j’ai été l’un des premiers à expérimenter la procédure de changement de prénom dans l’École, en 2017. Cela s’est fait facilement mais j’ai eu l’impression que pour d’autres, c’était un parcours du combattant. Des étudiants qui nous ont contactés nous disaient aussi que les affaires de violences sexistes et sexuelles semblaient être minimisées par l’administration. Il faut recréer de la confiance entre gouvernance et élu.es étudiant.es notamment et travailler à changer la culture sur le harcèlement afin de ne pas minimiser les problèmes, je suis désireux d’y contribuer.

En quoi consiste le dispositif de lutte les VSS ?

Yan Li Le Dantec : Il est composé de 2 volets, l’un centré sur le signalement et l’accompagnement des victimes, l’autre sur la prévention. Nous avons voulu avec l’ensemble des membres du groupe de travail insister sur la clarification du signalement d’une part et sur la phase d’écoute nécessaire avant de passer aux mesures possibles pour traiter chaque situation. Une adresse mail générique a été créée : signalement.violences.discriminations [at] ens-lyon.fr (signalement[dot]violences[dot]discriminations[at]ens-lyon[dot]fr), un formulaire anonymisé est en cours d’élaboration. Derrière cette boîte mail, il y a nous les référent.es et il y aura le ou la chargé(e) de mission Égalité en cours de recrutement. La victime sera entendue par le ou la chargé(e) de mission, l’un des référent.es ou, à sa demande, l’une des personnes qui composent la cellule action. Nous serons tous formés à cette fin et des écoutants de métier seront aussi mobilisés. Après cette écoute, un rapport est rédigé par le/la chargé(e) de mission. Si la victime en est d’accord, la cellule action étudie le rapport et propose tout type de solutions : auditions de témoins, demande d’enquête administrative, proposition de conseil de discipline, signalement par le CHSCT, demande de signalement au Procureur de la République par l’ENS de Lyon, demande de protection fonctionnelle. Selon les cas s'applique l'article 40 du code de procédure pénale qui fait obligation aux fonctionnaires de dénoncer un crime ou délit. La cellule action est composée des 3 personnes citées plus haut, de la référente Violences du CHSCT et de deux élu.es étudiant.es ainsi que de représentants de la DRH, du service médical et le cas échéant du SPST, de l’encadrant de la victime et d’experts si nécessaire.

Camille Martin : À ce dispositif concernant les cas individuels, s’ajoute un dispositif de prévention. Un comité de prévention est constitué qui regroupe les membres de la cellule actions plus des représentants d’autres services dans l’Ecole. Ce comité a notamment pour mission de proposer toute action de sensibilisation, information et formation sur le sujet.

Aujourd’hui, que dites-vous aux victimes de VSS ?

Yan Li le Dantec : Nous voulons que leur soit envoyé un signal clair : « Vous êtes respectées et vous serez accompagnées ». Il est fondamental, notamment pour les primo-arrivantes, qu’elles ne seront pas mises à l’index en signalant un agissement ou une agression.

Camille Martin : C’est la culture qu’il faut faire changer en profondeur, comme dans toute la société. Comment définit-on les violences, quelles en sont les conséquences pour les victimes ? Cela passe par la prise de conscience de chacune et de chacun. Le comité Prévention et plus largement l’ensemble du plan Égalité doivent clairement œuvrer à cette prise de conscience partagée afin que la tolérance zéro ne soit pas qu’une formule.
 

* Camille Martin et Yan Li le Dantec étaient référents égalité pour l'année universitaire 2020-2021. De nouveaux référents sont nommés pour l'année 2021-2022. 

Mots clés