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Actualité de l'ENS de Lyon

Diriger le LLE après le confinement

Image d'une visio conférence
Actualité / Interview
 

Le point de vue de Patricia Lambert, directrice du Laboratoire de l'éducation.

Le Laboratoire de L’Éducation, un hôtel à projets interdisciplinaires

Le LLE n’est pas tout à fait un laboratoire comme les autres. Créée en 2016 par le CNRS et l’ENS de Lyon, cette unité mixte de service (UMS) constitue le socle d’un hôtel à projets interdisciplinaires sur l’éducation, les apprentissages et les socialisations. Cette structure s’appuie sur six partenaires au sein de l’École : les unités mixtes de recherche Centre Max-Weber, EVS, ICAR, LARHRA, Triangle et l’Institut français de l’Éducation.

Le LLE compte :
•    un groupe de pilotage composé de 12 personnes, chacune membre d’une des unités partenaires,
•    un comité scientifique international de 10 chercheuses et chercheurs, issus de différents horizons disciplinaires,
•    3 personnels techniques et administratifs,
•    des équipes, de taille variable, porteuses des programmes annuels de recherche sélectionnés dans le cadre d’un appel à projets.

Dans ses locaux situés à l’ENS, le LLE héberge des personnels techniques et administratifs, des chercheurs, enseignants-chercheurs, doctorants et post-doctorants membres des UMR partenaires et de l’IFÉ. Les équipes bénéficiaires d’un financement annuel ont également accès aux espaces de travail et aux salles de réunion de l’unité.

Quel a été l'Impact du Covid-19 et du confinement sur la recherche, sur l’organisation de la recherche ?

Dès le début du confinement, l’attention a porté avant toute chose sur les conditions de vie et de travail de chacune et de chacun. Plusieurs d’entre nous ont connu des situations ou des moments délicats liés à la crise multidimensionnelle que nous traversons. Sur le plan fonctionnel du laboratoire, le basculement vers un mode de travail à distance n’a en revanche pas posé de problème particulier. Il a pu être facilité par la petite taille de la structure, mais a surtout bénéficié de l’implication et de l’efficacité d’Alexia Puzenat, assistante administrative et financière du LLE. Cette situation a confirmé combien son rôle est précieux pour le fonctionnement et l’animation de l’unité. L’esprit collégial et la solidarité qui y règnent doivent d’ailleurs beaucoup à la qualité de son engagement.

La phase de confinement nous a bien sûr conduit à déprogrammer ou à reporter un certain nombre d’évènements et d’activités. Des rencontres régulières, comme "Le séminaire des doctorant·es" ou "Les déjeuners du LLE", ont été suspendues. Le cycle sur l’enseignement supérieur, initié en février 2020 dans le contexte des transformations en cours dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche, a dû être interrompu après deux séances. Nous avons repoussé d’une année la venue de Christelle Lison, professeure à l’université de Sherbrooke, invitée pour la renommée de ses travaux sur la pédagogie dans l’enseignement supérieur. Son séjour devait s’inscrire dans une dynamique de soutien au projet porté sur ces questions par Julien Barrier et Emmanuelle Picard. Leur recherche concerne notamment les modalités de reconnaissances des compétences acquises dans le cadre du doctorat (article 15 de l’arrêté du 25 mai 2016) et pourra déboucher, avec un partenariat IFÉ, sur des propositions concrètes de mise en œuvre d’un portfolio pour les doctorantes et doctorants du site lyonnais. D’autres projets de recherche ont été perturbés. Le confinement a, par exemple, mis prématurément fin à une enquête dans des lycées professionnels en Guyane. Dans ce contexte d’outre-mer, une équipe-projet (sciences sociales, sciences du langage, sciences de l’éducation) étudie les rapports entre les formes scolaires et pédagogiques, l’appareil productif local et une situation linguistique particulièrement complexe. Il s’agit in fine de cerner le rôle des pratiques langagières dans la façon dont on forme les futurs ouvrier·es et employé·es en Guyane. Bien qu’écourtée, la mission a permis de réaliser un premier volet essentiel de l’enquête qui garantit la possibilité d’avancement du travail d’analyses. Le territoire de Guyane est en ce moment particulièrement éprouvé par la crise sanitaire, et nous devons continuer à réfléchir avec les collègues guyanais à des modalités pertinentes de poursuite de cette recherche dans son volet plus impliqué auprès des acteurs du terrain.

Une des missions principales du Laboratoire de l’Éducation est de soutenir des travaux au croisement de différentes perspectives disciplinaires – que ce soit en termes de problématisation, de cadres théoriques, de nouvelles méthodologies, de résultats, etc.. La mise en œuvre de telles collaborations réclame un certain de temps de maturation et repose souvent sur de véritables rencontres. L’espace physique du LLE, ses salles de travail et de réunions, représente justement un lieu privilégié de développement de ces liens interpersonnels. La privation de la matérialité d’un tel lieu a souvent compliqué le travail des "ateliers exploratoires" , quand elle ne les a pas tout bonnement mis à l’arrêt. Afin de soutenir au mieux ces équipes-projets empêchées, nous avons revu notre stratégie de financement, et leur avons proposé un report sur 2021 d’une partie des crédits.

C’est en définitive toute une partie de ce qui fait habituellement la vie de l’unité qui s’est trouvée comme suspendue. Cette période a pourtant aussi été celle de l’avancement de quelques chantiers d’importance. Parmi eux : un groupe de travail s’est attelé à une révision substantielle de notre appel à projet pour son édition 2021 ; un collectif éditorial s’est formé pour travailler à la refonte du site web, dans sa forme comme dans ses contenus. Nous avons par ailleurs accueilli et encadré six étudiant·es stagiaires, à distance bien sûr mais le plus étroitement possible. Enfin, les conseils de laboratoire ont été maintenus au rythme habituel, permettant aussi de préserver une organisation collégiale chère à l’ensemble du groupe de pilotage.

Comment s’organise la reprise sur site ?

Au moment où se tient cet entretien, nous organisons la reprise sur site. Ce texte devrait d’ailleurs paraitre au lendemain du premier conseil de labo partiellement en présence. L’ordre du jour de ce conseil, le dernier avant les vacances d’été, est relativement fourni.

Il est notamment prévu que nous discutions des modalités de relance des manifestations scientifiques à la rentrée, en imaginant différents scénarios plausibles (présence, distance, dispositifs hybrides…). Cela concerne par exemple la journée annuelle de bilan des recherches financées et la réunion du comité scientifique avec le groupe de pilotage, qui ont lieu chaque année au mois de décembre. Nous discuterons également de la reprise du cycle de conférences sur l’Enseignement supérieur et la recherche, dont les premières séances s’étaient tenues dans la Salle commune de l’ENS avant le confinement.

Comme beaucoup d’entre nous, j’ai hâte que nous puissions retrouver des modalités de travail non dégradées et l’ambiance stimulante de l’unité dans ses locaux. On ne peut toutefois pas minimiser le poids de contraintes nouvelles ainsi que les incertitudes qui marquent le contexte actuel. Nous allons faire au mieux pour que tout le monde retrouve doucement ses marques, tout en dessinant de nouveaux repères qui tiennent compte des réalités de la situation sanitaire et de ses possibles évolutions.

Quel est l'impact spécifique sur vos recherches ?

C’est une évidence de dire que l’éducation constitue un secteur particulièrement touché par la crise et par ses conséquences diverses.

Au LLE, l’éducation est entendue dans son sens le plus large. Nous saurons à l’automne quelles questions seront plus particulièrement travaillées par les futures équipes-projets. L’appel 2021 vient tout juste d’être lancé et les propositions sont attendues pour la fin septembre. Comme chaque année, cet appel invite à formuler des propositions qui se caractérisent par leur interdisciplinarité. Ces propositions pourront viser à défricher de nouveaux champs de problématiques sans pour autant délaisser les questions classiques des recherches sur l’éducation, comme celle des inégalités par exemple.

Nous avons discuté de la pertinence qu’il pourrait y avoir à flécher cet appel 2021 « covid-19 » et avons décidé de ne pas le faire, préférant laisser aux collègues toute latitude dans l’identification des questions opportunes à traiter, ainsi que dans la manière de les formuler. Le conseil scientifique et le groupe de pilotage examineront donc tous les dossiers avec la même attention, quelles que soient les thématiques proposées.

portrait de Patricia Lambert, directrice du LLEPatricia Lambert, directrice du LLE

Patricia Lambert est professeure de sociolinguistique à l’École normale supérieure de Lyon depuis 2016, membre du laboratoire ICAR et directrice du LLE.
Ses travaux cherchent à mettre en lumière différents apports de la sociolinguistique à la compréhension des enjeux de la diversité et des différences langagières dans le domaine éducatif, avec un intérêt particulier pour la voie professionnelle et le public qu’elle scolarise.
En 2019, elle a dirigé avec Laurent Filliettaz un numéro de la revue Langage et société qui fait un point sur le développement de ce domaine d’étude : Langage et formation professionnelle. Vers une linguistique sociale de la formation ?

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