Le point d'Alice Guionnet, directrice de l’Unité de mathématiques pures et appliquées (UMPA), UMR 5669.
L'Unité de mathématiques pures et appliquées : quelques chiffres
L'UMPA compte 67 membres :
• 32 chercheurs ou enseignants-chercheurs
• 5 personnels techniques et administratifs
• 20 doctorants et post-doctorants
Nouvelles habitudes, nouvelles méthodes
Le Covid-19 et le confinement n’ont pas particulièrement modifié les thèmes de recherche du laboratoire, même si de nombreux échanges ont eu lieu autour des traitements mathématiques de l’épidémie. Le travail de recherche a par contre beaucoup changé, surtout pour ceux qui devaient s'occuper en parallèle d'enfants en bas âge.
Séminaires, conférences et comités en ligne se sont multipliés rapidement. Cela nous a permis de faire nôtres les possibilités de la visio-conférence que nous n’utilisions que de façon marginale. Tout le monde a été stupéfait des possibilités offertes par ces outils. Notons d’ailleurs que les comités sont parfois plus efficaces en ligne.
Pendant cette période, j’aurais dû aller à une conférence internationale à New-York. Je l’ai finalement co-organisée en ligne, avec un aménagement des horaires et seulement 3 ou 4 exposés par jour. Cela a été une très bonne expérience.
Le côté négatif de tout cela est, qu’après quelques semaines de calme et de réflexion très agréable pour la recherche, les activités collectives se sont multipliées et ont même explosé. Les séminaires spécialisés mondiaux pullulent, au risque de nous faire négliger les séminaires collectifs locaux.
C’est pourquoi nous avons mis en place des e-apéros et des e-déjeuners afin de maintenir du lien au niveau local. Pendant le confinement, le laboratoire s’est réuni une fois par semaine, autour d’un thé ou d’un apéritif, pour discuter de cette vie confinée, pour échanger des recettes de cuisine ou des tutoriels de fabrication de masques.
Et demain ?
Il est clair que la visio va changer notre manière de travailler et ce, je l’espère, de façon plus équilibrée qu’à l’heure actuelle.
Les questions de l’impact environnemental de la recherche – essentiellement dû au développement des voyages, des conférences et des rencontres nationales ou internationales – ont rencontré un écho grandissant dans la communauté scientifique, bien avant la crise sanitaire.
L’UMPA souhaite participer à la réflexion qui permettra d’établir un nouveau modèle pour la recherche, pérenne et respectueux de l’environnement mais qui assure la circulation des idées et le partage des connaissances.
L’expérience des trois derniers mois permettra sans doute de mettre en place plus rapidement des pratiques alternatives autres que les voyages. Il n’en demeure pas moins que les rencontres apportent autre chose…
Plan de reprise des activités
Le passage d’une situation totalement à distance à une situation mixte est positif car il permet aux personnes qui travaillaient de manière isolée de se rendre sur le campus et d’avoir plus de contacts.
Toutefois, la plupart des membres de l’UMPA continuent de travailler à distance. Pendant les précédentes semaines pas plus de 5 personnes venaient au laboratoire, mais la reprise est amorcée. Cette reprise d'activité fonctionne bien grâce à un suivi et des règles régulièrement communiquées, mises en place et respectées.
Et en ce qui concerne les colloques et les événements à venir, certains sont repoussés, d’autres auront lieu en visio…
Probabilités
On a vu avec plaisir les journalistes s'emparer de modèles épidémiologiques et référer sans plus de détails au R0.
Cependant, comme on connaissait très mal les caractéristiques de cette épidémie, il était difficile de savoir quel était le modèle correct à utiliser pour modéliser sa propagation. De nombreuses prédictions sont apparues dans la presse et sur les réseaux, toutes n'étaient pas à prendre au pied de la lettre.
Le R0 ou "R zéro"
Le R0 dit "R zéro" est le taux de reproduction de base d'un virus. Sa mesure permet de dire combien de personnes en moyenne seront infectées par une personne contaminée par ce virus. Ce taux est le produit de trois facteurs :
- le risque de contracter le virus lors d'un contact (d'où le respect d'une distance sociale d'au moins 1 mètre recommandée),
- le nombre de contacts par jour (d'où la mise en place du confinement) : si l'on diminue le nombre de contacts de moitié, on diminue le R0 de moitié.
- le nombre de jours où une personne infectée est contagieuse (jusqu'à 14 jours pour le coronavirus).
Alice Guionnet, directrice de l'UMPA
Alice Guionnet est actuellement directrice de recherche au CNRS au sein de l'Unité de mathématiques pures et appliquées (UMPA) à l'École normale supérieure de Lyon, membre de l’équipe Probabilités, l’un des 3 laboratoires du Labex MILYON. Depuis 2016 elle est également la directrice de l’UMPA.
(Crédit photo : Bryce Vickmark)
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