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Actualité de l'ENS de Lyon

Gérard Mourou rencontre les jeunes chercheurs du Laboratoire de physique

Gérard Mourou
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Le 6 novembre 2019 à 16 heures, Gérard Mourou donnait une conférence à la Doua « Lumière passion extrême » dans le cadre des rencontres organisées par la Fédération André Marie Ampère (Frama) et la Société française de physique (SFP).

 

Gérard Mourou s’est rendu, le matin du 6 novembre 2019, à l’ENS de Lyon pour visiter le Laboratoire de physique et rencontrer étudiants en thèse et post-doctorants au cours d’une heure d’échanges informels. L’occasion pour les jeunes chercheurs d’interroger un des acteurs majeurs de la science contemporaine.

Gérard Mourou, les étudiants en thèse et post-doctorants de physique de l'ENS d eLyon
Gérard Mourou, les étudiants en thèse et les post-doctorants de physique de l'ENS de Lyon, à l'issue de la rencontre.

En tant que physicien, Gérard Mourou s'est investi dès la fin des années 60 dans le domaine des champs électriques et du laser. Il est le co-inventeur d'une technique d'amplification par dérive de fréquence qui fut utilisée pour créer des impulsions ultra-courtes de très haute puissance (de l'ordre du térawatt) dans les lasers à impulsions. Il a reçu pour cette invention le prix Nobel de physique en 2018, conjointement avec Athur Ashkin et Donna Strickland, son étudiante en thèse.

Études - quelles différences entre hier et aujourd’hui ?

Gérard Mourou considère son cursus comme atypique. Lycéen, il connaît la fin de la guerre d’Algérie, il doit ensuite faire son service militaire. Il décide alors d’être coopérant scientifique dans un laboratoire canadien où il travaille sur une technologie toute récente, le laser à impulsions ultra-brèves.

Coup de foudre pour Gérard Mourou qui n’envisage dès lors rien d’autre que la physique, et rien d’autre que l’étude du laser. Sa recherche est ainsi motivée par une seule chose, la passion.

Par ailleurs, il souligne qu’à l’époque il y avait moins d’articles publiés et il était donc possible de mieux s’informer sur l’entièreté des productions scientifiques. Il a également eu la chance, en vivant au Canada, d’assister aux grandes conférences de son domaine qui avaient lieu le plus souvent aux États-Unis.

Interrogé sur le partage entre passion et métier, Gérard Mourou se compare à un musicien ou à un écrivain. Ce qu’il aime dans la physique, c’est la découverte, il aime être le premier à découvrir les choses, tel un alpiniste, il veut ouvrir des voies.

Pourquoi le laser ?

Lorsqu’il commence à travailler, le laser est la première lumière cohérente qu’il est possible de produire.

Aussi, Gérard Mourou perçoit-il les nombreuses possibilités qu’ouvre cette technologie. Et les années lui ont donnée raison puisque aujourd’hui l’on retrouve le laser dans différentes applications, qu’il s’agisse de chirurgie oculaire, de thérapie, de soudures, de lecture de DVD, ou encore pour reconstituer les conditions d'explosion nucléaire à échelle miniature et augmenter ainsi la compréhension de la matière d’un point de vue purement physique.

Afin de toujours travailler sur la même thématique, de rester dans ce qu’il appelle son sillon, il a souvent changé de laboratoire. Il est actuellement professeur au Collège de l’École polytechnique.

Les femmes et la physique ?

Une étudiante lui fait remarquer que, sur 206 prix Nobel de physique, seules deux récipiendaires sont des femmes.

Gérard Mourou de corriger en lui faisant remarquer qu’il y en a désormais trois, puisqu’il partage lui-même son prix avec Donna Strickland, son étudiante en thèse. Il se dit très fier d’avoir été le tuteur d’une femme prix Nobel.

Toutefois, de nombreux efforts restent à faire en amont afin de rendre la discipline plus attractive.

Intuitions pour les années à venir ?

Il y a eu de nombreuses grandes découvertes au cours du XXe siècle, mais que nous réserve l’avenir ? Gérard Mourou affirme qu’il est difficile de prédire et que l’on commet souvent des erreurs à vouloir le faire.

Toutefois, il assure que le domaine du laser a beaucoup d’avenir. La photonique remplace de plus en plus l’électronique, en ce qui concerne l’intelligence artificielle par exemple.

Mais Gérard Mourou suit une nouvelle piste de recherche : la transmutation des déchets nucléaires, plutôt que l’enfouissement. Il serait ainsi possible d’utiliser les lasers pour désactiver les déchets radioactifs, réduire leur volume et leur durée de radioactivité.

Avec le laser, l’accélération des particules se fait de façon très efficace et très compacte. Cela permettrait de produire les neutrons nécessaires à la transmutation des éléments radioactifs.
 
Il ajoute qu’il ne faut pas fuir le nucléaire mais, au contraire, participer à la recherche qui concerne ce domaine. Gérard Mourou conclut que l’obtention du prix Nobel lui permet désormais de mieux être entendu sur ce type de thématiques.

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