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Actualité de l'ENS de Lyon

Une nouvelle méthode pour quantifier la consommation de produits laitiers des populations passées

Crâne © Théo Tacail
Publication
 

Communication du CNRS-INSU le 5 mars 2021. Publication du LGL-TPE dans Quaternary Science Reviews de février 2021.

 

Évolutions des compositions en isotopes du calcium de l’os de populations ne consommant pas de produits laitiers (à gauche) et de populations pratiquant l’élevage depuis les débuts de la domestication jusqu’à nos jours (à droite)
Évolutions des compositions en isotopes du calcium de l’os de populations ne consommant pas de produits laitiers (à gauche) et de populations pratiquant l’élevage depuis les débuts de la domestication jusqu’à nos jours (à droite). © Théo Tacail

Très riche en calories et en nutriments essentiels, le lait animal a joué un rôle probablement crucial dans l’histoire des sociétés humaines pratiquant l’élevage. En étudiant les restes des animaux domestiqués par ces populations et les traces chimiques laissées par le lait dans les poteries qu’elles utilisaient, les chercheurs sont capables de retracer l’histoire de la production et de l’utilisation de cette denrée à travers le temps et l’espace. Néanmoins, l’évolution de la part des produits laitiers dans l’alimentation totale de ces sociétés reste inconnue.

Une équipe internationale de chercheurs a mis au point une nouvelle méthode pour quantifier ces pratiques alimentaires, consistant à étudier les proportions en isotopes du calcium dans les restes osseux humains. Constituant majeur de l’os, le calcium est exclusivement tiré de l’alimentation. Les produits laitiers en sont particulièrement riches, et ils sont facilement distinguables des autres sources alimentaires de ce minéral puisqu’ils contiennent plus d’isotopes légers du calcium. Selon toute vraisemblance, on devrait donc trouver des isotopes légers du calcium dans les os d’une personne consommant des produits laitiers en grandes quantités. Pour vérifier cette hypothèse, les chercheurs ont analysé les tissus osseux de personnes consommant de fortes proportions de produits laitiers et ceux de personnes n’en consommant pas du tout, leur préférant d’autres sources d’apport en calcium. L’étude a confirmé que les isotopes du calcium reflétaient bien les différences connues de consommation.

Cette méthode a permis de montrer que les populations pratiquant l’élevage en Europe ont connu une augmentation progressive de la part des produits laitiers dans leur alimentation. Ces nouvelles informations seront très utiles pour mieux comprendre les sociétés du passées, l’histoire des produits laitiers étant intimement liée à leurs évolutions culturelles, démographiques et génétiques.

Source : Quantifying the evolution of animal dairy intake in humans using calcium isotopes. Théo Tacail, Jeremy E. Martin, Estelle Herrscher, Emmanuelle Albalat, Christine Verna, Fernando Ramirez-Rozzi, Geoffrey Clark, Frédérique Valentin, Vincent Balter. Quaternary Science Reviews, février 2021.

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