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Actualité de l'ENS de Lyon

Voile levé sur le rôle d’une bactérie dans la sévérité de certaines formes de pneumonies

Streptococcus pneumoniae © Wikipédia
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Une nouvelle étude d’une équipe du CIRI vient clore une controverse scientifique internationale dans le domaine de la microbiologie autour de l’origine de certaines formes graves de pneumonies…

Communication de l'Université Claude Bernard Lyon 1 le 5 mai 2021. 

 

 présence de PVL
La présence de PVL est associée à une mortalité rapide chez les patients âgés de plus de 3 ans souffrant de pneumopathie sévère à S. aureus. Chaque courbe représente la proportion de survivants au cours du temps. Les marques verticales indiquent les patients perdus de vue. Crédits : © J-P Rasigade.

La pneumonie est une maladie respiratoire affectant les poumons. Elle touche toutes les tranches d’âge et reste une cause importante de mortalité dans le monde, en particulier chez les enfants – près de 15 % de la mortalité infantile dans le monde. Certaines formes sévères, appelées pneumonies aiguës communautaires (PAC), ont notamment des conséquences importantes pour les malades. Si leur incidence au sein de la population reste assez faible, ces maladies ont pourtant fait l’objet d’une intense controverse internationale au sein de la communauté des infectiologues et microbiologistes. En cause : l’origine de ces formes graves de pneumonies causées par le staphylocoque doré (S. aureus).

Cette controverse naît en 2002 suite à la publication d’un premier article clinique d’une équipe du Centre international de recherche en infectiologie (CIRI – Université Claude Bernard Lyon 1/CNRS/INSERM/ENS Lyon) et complété d’une série d’articles dans des revues prestigieuses (Science en 2007, Cell Host Microbes en 2013, J. Immunology en 2015, Nature Microbiology en 2018). Les chercheurs avaient proposé une nouvelle hypothèse basée sur l’implication d’une toxine appelée Leucodidine de Panton Valentine (PVL) dans la sévérité des pneumonies aigues communautaires. Toxine produite par certaines souches de S. aureus.

D’abord fortement controversée, notamment en Amérique du Nord, cette hypothèse a progressivement été reconnue par la communauté scientifique après sa validation expérimentale chez le lapin. Il ne restait plus qu’à le démontrer formellement chez l’homme. C’est chose faite dans cette nouvelle étude de l’équipe du CIRI, parue dans la revue European Respiratory Journal.

Pour les chercheurs, l’objectif étaient d’identifier si la bactérie S. aureus porteuse de la toxine PVL était associée à des formes plus sévères de pneumonie. Dans ce but, l’équipe lyonnaise a mené une étude de cohorte multicentrique dans 77 unités de soins intensifs pédiatriques et adultes en France entre janvier 2011 et décembre 2016.

Résultats : sur les 163 patients âgés d’un mois à 87 ans, la toxine PVL était présente dans la moitié des cas. Elle était associée à une pleuropneumonie staphylococcique chez les tout-petits et constituait un facteur de risque de mortalité chez les patients plus âgés atteints de PAC sévère.

En mettant en lumière le rôle du staphylocoque doré S. aureus dans ces formes graves de pneumonie, ces travaux ouvrent la voie à une reconnaissance de la maladie et à des solutions thérapeutiques. Par ailleurs, les chercheurs explorent maintenant le rôle qu’aurait pu jouer ces staphylocoques dorés dans la surmortalité de grandes épidémies comme la grippe espagnole en 1918.

Source : Prognostic factors of severe community-acquired staphylococcal pneumonia in FranceGillet, Y., Tristan, A., Rasigade, J. P., Saadatian-Elahi, M., Bouchiat, C., Bes, M., ... & PVL pneumonia study group.European Respiratory Journal, 2021.

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