Cette thèse vise à analyser l’une des connexions majeures des mers de Chine à l’époque moderne : les relations entre le Japon, le Đại Việt et le Champa. À partir du milieu du XVIe siècle, l’impossibilité d’accéder au marché chinois pousse les marchands japonais à investir de plus en plus dans le commerce avec l’Asie du Sud-Est. Ils peuvent y échanger leur argent et leur cuivre contre de la soie et des produits tropicaux. Pour les Japonais, le Đại Việt présente des avantages décisifs : ils accueillent des marchands venus de Chine et sont les seuls à produire eux-mêmes de la soie. De plus, ils partagent une conception similaire de l’étiquette et une instruction fondée sur les mêmes classiques. Le Champa, quant à lui, revêt une importance capitale auprès des autorités japonaises en tant que pourvoyeur de bois précieux. Ces relations connaissent une profonde restructuration au cours des années 1630, quand le shogunat interdit aux Japonais de quitter le pays, sans que cette connexion ne disparaisse.
Par ailleurs, ces contacts avec le monde extérieur ont permis à une cartographie spécifiquement japonaise de se développer. Les cartes réalisées, si elles se fondent sur des modèles européens ou chinois, parviennent cependant à les réinventer et se les réapproprier.
La proximité entre le Japon et le Đại Việt en a donc fait des partenaires privilégiés, ce qui a permis l’établissement de communautés japonaises sur place. Ces résidents japonais y ont occupé une fonction centrale, celle d’intermédiation entre Européens et autorités viêt. L’objectif de ce travail de recherche est d’expliciter les fondements sur lesquels cette entente s’est nouée et d’analyser les réseaux multiethniques autour desquelles elle s’est construite, en recourant notamment à des modélisations informatiques.
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