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CINE4202 : Philosophie du cinéma

CINE4202 : Philosophie du cinéma

Philosophy of cinema

Responsable(s) :
  • Esther Halle
Enseignant(s) :
  • Elise Domenach

Niveau

M1+M2

Discipline

Arts

ECTS
4.00
Période
2e semestre
Localisation
Site Descartes
Année
2022

Public externe (ouverts aux auditeurs de cours)

Informations générales sur le cours : CINE4202

Content objectif

Dans La Projection du monde, Stanley Cavell décrit le cinéma comme le lieu d’expression privilégié d’une condition humaine sceptique, révélée par le dispositif même de la projection. En rendant présent à notre regard « un monde que je connais et que je vois, mais auquel je ne suis néanmoins pas présent[1] », la projection reproduit notre condition naturelle, c’est-à-dire l’ambivalence d’un rapport au réel au sein duquel nous sommes à la fois présents et irrémédiablement absents. Ce déplacement de l’idéal de la représentativité vers un régime d’incertitude questionne les pensées du réalisme cinématographique, en substituant à la question de la fidélité de la représentation celle de ce qu’il advient du réel à l’écran. Cavell repense ainsi une ontologie du médium non plus définie sous les termes de reproduction ou d’enregistrement, mais de projection : qu’entendons-nous par réalisme au cinéma ?

Contenu du programme

 

À partir de la réinterprétation cavellienne du scepticisme, nous interrogerons la notion de réalisme cinématographique, classiquement associée à un idéal de connaissance et à la perspective d’un accès véridique au monde. En revenant sur le néoréalisme italien et les théorisations qu’il a suscitées (d’André Bazin à Guido Aristarco), nous nous demanderons si la modernité qu’il dessine ne repose pas avant tout sur une capacité du médium à représenter l’ambivalence de nos rapports au réel. Nous nous attacherons ensuite aux cinématographies qui poursuivent ce questionnement de l’attente réaliste, du « naturalisme » des frères Dardenne au cinéma portugais contemporain (Pedro Costa, Miguel Gomes), jusqu’au réalisme « perfectionniste » de Jonas Trueba.

 

[1] « Un monde que je ne connais pas et que je vois, mais auquel je ne suis néanmoins pas présent (sans qu’il y ait défaut de ma subjectivité) est un monde passé », Stanley Cavell, La Projection du monde, tr. fr. Fournier, Christian, Paris, Belin, 1999, puis Paris, Vrin, 2019, p. 51.