CPNS9232 : La Vertu des criminels. Assassins et hors-la-loi à l'épreuve du jugement littéraire

Introduction à une thématique majeure des sociétés moderne au sein d'un corpus littéraire regroupant les traditions anglaise, russe, chinoise, espagnole et arabe. 

Argument: Quel est l'intérêt  pour un auteur de placer au centre de son récit non pas un héros méritant mais un assassin ou un paria ? La littérature n'y gagne-t-elle qu'une fonction d'avertissement et de maintien de l'ordre (ce qu'on appelait autrefois "l'édification du lecteur") ? Tout dépend des tribulations du criminel au fil du récit dira-t-on. On peut bien sûr déceler derrière cette façade morale une intention de divertissement et une source de frissons pour le public, dans l'esprit d'un roman d'aventures. Mais n'est-ce pas aussi  l'occasion d'observer sans se dérober un domaine généralement occulté de la vie en société,tout ce qui relève du malaise ou du malsain? La figure du criminel ne serait-elle pas, autrement dit, une façon de prendre le pouls de la société, d'en débusquer les secrètes pathologies? Et la littérature ne s'est-elle pas émancipée de ses tutelles le jour où les auteurs ont sciemment endossé le rôle de  "l'avocat du diable" ?

Cette série de cours partira de l'idée que la mise en scène des parias et des criminels dans l'espace du roman permet d'explorer les représentations les plus intimes du sujet ainsi que les pulsions qui mettent en péril le fonctionnement du corps social. L'une des idées directrice sera de comprendre comment le regard littéraire sur ces figures de la menace et de la déviance  permet de contrer la vision criminellement simplificatrice de la réalité humaine telle que l'envisage la psychologie populaire, la morale sociale ou encore le droit pénal.