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HISF5100 : Histoire ancienne : Le monde grec et l'Orient de 404 à 200 avant notre ère

HISF5100 : Histoire ancienne : Le monde grec et l'Orient de 404 à 200 avant notre ère

Ancient history: Greek world and the Orient from 404 BC to 200 BC

Responsable(s) :
  • Frederic Abecassis
  • Claire Fauchon
Enseignant(s) :
  • Nicolas Richer

Niveau

M2

Discipline

Histoire

ECTS
4.00
Période
1e semestre
Localisation
Site Descartes
Année
2022

Public externe (ouverts aux auditeurs de cours)

Informations générales sur le cours : HISF5100

Content objectif

 

Le règne d'Alexandre le Grand marque une extension majeure du monde grec en direction de l'Orient, entendu ici comme l'ensemble des territoires de l'empire perse achéménide. À la suite de la conquête, l'hellénisme se diffuse et se transforme à la faveur de la rencontre avec d'autres cultures et d'autres peuples. Néanmoins, les prémices de ce mouvement remontent aux décennies qui précèdent le règne d'Alexandre, caractérisées par l'attrait des Grecs pour l'Orient et les interactions de tous ordres entre ces deux mondes. C'est pourquoi le programme s'affranchit de la distinction, traditionnelle dans l'historiographie, entre période classique et période hellénistique.

Le programme débute à la fin de la guerre du Péloponnèse, qui marque la fin du monde bipolaire du Ve siècle centré sur l'affrontement entre Sparte et Athènes. Au cours des décennies suivantes, l'empire perse achéménide joue un rôle nouveau dans le monde grec, dans une période de rivalité et de lutte pour l'hégémonie entre les cités grecques les plus puissantes. Par la suite, dans un contexte de retrait relatif de l'empire perse, le royaume de Macédoine devient la puissance dominante du monde grec sous le règne de Philippe II ; son fils Alexandre III conquiert les territoires achéménides, le partage de son empire donnant naissance aux royaumes hellénistiques. Le terme du programme est fixé en 200 av. n. è., à la veille de la deuxième guerre de Macédoine. Ce moment marque la première intervention romaine directe dans l'Orient méditerranéen. C’est alors que s'amorcent des bouleversements géopolitiques qui affectent les royaumes ayant dominé le IIIe siècle. Le cadre géographique du programme s'étend de la péninsule grecque et de la Cyrénaïque à l'Asie centrale et à la vallée de l'Indus. La partie occidentale du monde grec – à savoir les cités d'Italie du Sud, Sicile, Gaule du Sud et péninsule ibérique – est exclue. La documentation devra être prise en compte dans toute sa diversité : sources littéraires, épigraphiques, papyrologiques, archéologiques et numismatiques.

Sur un plan politique, la période 404-200 av. n. è. se caractérise par le développement de puissances monarchiques. Candidates et candidats devront donc être attentifs à la nature et aux évolutions de la royauté et des pratiques de pouvoir, depuis le règne de Philippe II jusqu'aux rois hellénistiques. Pour autant, le développement des royaumes ne met pas fin à la vitalité des cités. Le programme invite à étudier dans tous ses aspects l'histoire des cités grecques qui ont fait partie de l'empire achéménide avant la conquête, ainsi que celle des nouvelles fondations en Orient à partir d'Alexandre. En ce qui concerne les cités de la péninsule grecque, de la mer Égée et du Pont-Euxin, on se concentrera sur leurs relations avec l'Orient. L'histoire interne de l'empire achéménide en tant que telle ne fait pas partie du programme mais l'organisation générale de l'empire (Grand roi, satrapes et satrapies, levée du tribut) doit être connue.

La guerre constitue un aspect important du programme : les campagnes militaires et leurs conséquences politiques et diplomatiques, les jeux d'alliance et les traités, l'évolution des techniques de guerre seront pris en compte, tout comme la vie et le métier de soldat, le mercenariat, les chefs de guerre, le rôle des garnisons, la place de la guerre dans l'économie et ses conséquences sur les sociétés.

Le programme conduit également à s’interroger sur la nature des relations entre les Grecs et les autres peuples. Celles-ci ne se résument pas à la confrontation mais sont faites d'interactions complexes, incluant des échanges et emprunts réciproques. La diffusion de l’hellénisme commence dès avant la conquête d'Alexandre (langue, arts, monnaie, etc.) dans les régions de peuplement non grec ou mixte situées en bordure de la Méditerranée (Asie Mineure occidentale et méridionale, Chypre, côte syro-phénicienne). Cette diffusion se prolonge dans les institutions civiques, certaines formes d'urbanisme et un modèle d'éducation qui se matérialise dans le gymnase. Durant toute la période, l'hellénisme évolue lui-même au contact d'autres cultures. Les interactions prennent aussi la forme de mobilités, de mariages mixtes, d'intégration, notamment 

celle des élites à l'appareil d'État – qu'il s'agisse des Grecs dans l'empire achéménide ou des Orientaux dans l'empire d'Alexandre, puis dans les royaumes hellénistiques.

Dans le domaine de la religion, si les cultes grecs se diffusent en Orient, on s'interrogera sur l'ampleur du phénomène dans les différentes strates des sociétés locales. Par ailleurs, les Grecs s'ouvrent à des cultes venus d'Égypte, d'Asie Mineure et d'ailleurs – certains d'entre eux étant attestés dans les cités grecques avant le règne d’Alexandre – et ces cultes évoluent. On prêtera attention aux aspirations et aux attentes (par exemple, la recherche d'une relation plus personnelle avec les dieux) qui apparaissent dès le lendemain de la guerre du Péloponnèse et auxquelles tentent de répondre les nouveaux cultes. On s'intéressera au cas spécifique du culte royal – culte rendu aux rois dans les cités et culte dynastique mis en place par les rois eux-mêmes – et à ses origines diverses.

Les questions économiques et sociales font également partie du programme. Dès le début du IVe siècle, des problèmes socio-économiques poussent les Grecs à se tourner vers l'Orient, espace où ils espèrent trouver des terres et d'autres richesses ; parallèlement, des Orientaux sont présents dans le monde grec égéen. On étudiera les formes de colonisation des territoires de l'ancien empire perse, la richesse royale et sa redistribution (notamment à travers l'évergétisme), l'évolution des circuits commerciaux et des échanges monétaires, les différentes échelles de l'économie, du niveau local à l'ensemble du monde grec.

Le programme porte sur un pan important de l'histoire de la Méditerranée, en lien avec les programmes de l’enseignement secondaire, celui de la classe de sixième (« Le monde des cités grecques ») et celui de la classe de seconde (« La Méditerranée antique »). Il met en exergue la figure majeure d'Alexandre le Grand, qui n'est pas seulement un conquérant mais aussi le fondateur d'un monde nouveau. Il invite à prendre conscience de l'existence d'une histoire commune aux États et aux sociétés en contact en Méditerranée orientale.