Outils

Actualité de l'ENS de Lyon

iGEM Lyon 2025 : des étudiants mobilisés contre les « polluants éternels »

Logo iGEM Lyon 2025, illustrant le nom du projet "Fluorobreaker" accompagné d’éléments visuels représentant des composants biologiques
Actualité
 

Une équipe inter-établissements d’étudiants lyonnais s’apprête à représenter la Métropole à l’une des plus prestigieuses compétitions scientifiques internationales : l’iGEM. Pour l’édition 2025, les jeunes chercheurs se concentre sur un enjeu environnemental et sanitaire de premier plan : la détection et la dégradation des PFAS, des substances chimiques très résistantes connues sous le nom de « polluants éternels ».

À Lyon, 17 étudiantes et étudiants de l’ENS de Lyon, de l’INSA Lyon et de l’Université Claude Bernard Lyon 1 unissent leurs compétences en biologie, biotechnologies, biochimie, bioinformatique et modélisation pour relever un défi scientifique de portée mondiale. Réunis sous la bannière de l’iGEM Lyon 2025 et accompagnés par leur superviseur Erwan Gueguen, ils s’apprêtent à participer à l’iGEM (International Genetically Engineered Machine), l’une des plus grandes compétitions internationales, initiée par le MIT. Chaque année, elle rassemble plus de 350 équipes étudiantes issues de plus de 30 pays, autour de projets innovants en biologie de synthèse, appliqués à des enjeux de santé, d’environnement, d’énergie ou d’alimentation.

Image
12 membres de l'équipe iGEM Lyon 2025

Crédits : Graines d’images (INSA Lyon)

Membres de l'équipe iGEM Lyon 2025
Image
5 membres de l'équipe iGEM Lyon 2025 avec le coach

Crédits : Graines d’images (INSA Lyon)

Membres de l'équipe iGEM Lyon 2025 avec le superviseur

FluoroBreaker, un projet ambitieux contre les PFAS

L’équipe iGEM Lyon 2025 s’engage ainsi dans la compétition avec un projet ambitieux nommé FluoroBreaker. Ce dernier cible un enjeu environnemental et sanitaire crucial : les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées). Ces composés chimiques, utilisés depuis les années 1950 dans une multitude de produits du quotidien (poêles antiadhésives, vêtements imperméables, mousses anti-incendie, emballages alimentaires) ;connus pour leur grande persistance dans l’environnement. Leur accumulation dans les sols, les eaux et même le sang humain soulève des risques majeurs pour la santé publique et l’écosystème. La Métropole de Lyon, particulièrement touchée par cette pollution, donne au projet une résonance locale forte.

Deux innovations biologiques pour s’attaquer aux polluants éternels

Pour parvenir à enrayer efficacement les PFAS, les jeunes biologistes ont décidé de se positionner sur deux grands champs d’action correspondant à leur spécialité : tout d’abord, la détection de ces polluants éternels, et ensuite, leur dégradation.
En s’appuyant sur la biologie de synthèse, ils proposent ainsi la mise en place de deux innovations biologiques pour combattre les polluants éternels et leurs effets néfastes :

  • Opération détection : des bactéries modifiées en biosenseur fluorescent 

« Nous envisageons de réaliser du séquençage d'ARN pour apprécier l'évolution du transcriptome d'une bactérie exposée à différentes concentrations de PFAS,expliquent les membres de l’équipe iGEM Lyon 2025. Notre objectif est d’identifier, chez certaines bactéries, des gènes dont l’expression est modulée par la présence des PFAS. Une fois ces gènes identifiés, on associe un gène fluorescent à leur promoteur (l'interrupteur de leur expression du gène), afin que la bactérie produise des protéines fluorescentes en présence de PFAS, le rendant ainsi plus facilement identifiable. »

  • Opération dégradation : un cocktail enzymatique pour neutraliser efficacement ces composés résistants

« Nous souhaitons nous inspirer de l'approche développée par l'équipe iGEM de Padou en 2024, en faisant surexprimer puis sécréter par des bactéries des enzymes candidates à la dégradation des PFAS, commentent les biologistes d'iGEM Lyon 2025. Notre plan consiste à tester ces bactéries modifiées sur divers composés, notamment : FA (acide monofluoroacétique), DFA (acide difluoroacétique), TFA (acide trifluoroacétique), PFOA… Potentiellement d’autres PFAS à chaine longue si le temps nous le permet. L’évolution de ces molécules sera suivie dans le temps et analysée par spectrométrie de masse. »

Trois étudiants de l’ENS de Lyon parmi les membres de l’équipe

Trois étudiants de l’ENS de Lyon font partie intégrante de l’équipe iGEM Lyon 2025 : Romain Héraud, Hugo Dupuis et Jean Schmitt, tous en L3 Biosciences au département de biologie. Impliqués dans plusieurs volets du projet, ils jouent un rôle clé au sein de la cellule scientifique, dont Jean Schmitt est le responsable. Ils se relaieront au laboratoire du CIRI (Centre International de Recherche en Infectiologie) entre juin et août pour les manipulations expérimentales. Par ailleurs, des travaux sont également réalisés au MAP (Microbiologie, Adaptation et Pathogénie), unité mixte de recherche associant l’Université Lyon 1, le CNRS et l’INSA Lyon. La finalisation du projet est quant à elle attendue entre septembre et octobre 2025.

Une campagne de financement participatif

Pour concrétiser leur projet, les étudiants et étudiantes de l’équipe iGEM Lyon 2025 ont lancé une campagne de financement participatif. Fin mai, plus de 1 200 euros avaient déjà été collectés, pour un objectif de 5 000 euros. En parallèle, l’équipe bénéficie du soutien de nombreux partenaires, parmi lesquels : Fondation INSA, Biomérieux, Veolia Water, Carso, Alumnis INSA, UFR Biosciences de l'Université Lyon 1, Biosciences INSA, Association ABil INSA, Promega, ainsi que l'Office Français de la Biodiversité. Le CVEC de l’ENS de Lyon a apporté un soutien important de 3 000 euros.

Un engagement au-delà de la compétition

Au-delà de la recherche, l’équipe iGEM Lyon 2025 s’engage activement dans la médiation scientifique. Bandes dessinées, jeux pédagogiques, interventions dans les écoles ou forums : autant d’actions pour rendre la science accessible à toutes et tous. À titre d’exemple, dans le cadre d’un partenariat avec EbulliSciences, la cellule éducation est intervenue fin mai à l’école primaire Paul Émile Victor avec un jeu de l’oie géant, conçu à la Fabrique de l’innovation avec le soutien de la menuiserie Michaël Bonnot. De nombreuses autres actions sont à venir.

Retrouvez les informations sur l’avancée du projet via les différents supports de communication de l’iGEM Lyon 2025 :

Contact : igemlyon [at] gmail.com

Disciplines

Mots clés