Mathieu Couttenier, professeur d’économie à l’ENS de Lyon et directeur du laboratoire CERGIC, publie « L’Économie de la violence » aux éditions Les Léonides.
L’économie de la violence – À qui profite la guerre ? Enjeux et solutions
Mathieu Couttenier
Éditions Les Léonides
À travers son ouvrage L’Économie de la violence, publié le 1er octobre 2025 aux éditions Les Léonides, Mathieu Couttenier, professeur d’économie à l’ENS de Lyon et directeur du laboratoire CERGIC, propose un éclairage concret et des outils de lecture pour mieux comprendre les conflits dans le monde et leurs enjeux économiques. Rencontre.
Mathieu Couttenier © DR
À qui s'adresse cet ouvrage ?
À tout le monde sauf mes collègues ! (rires) C’est véritablement le grand public qui est visé, avec l'idée d’allier un fondement scientifique à une rigueur intellectuelle dans la manière de présenter les arguments. Cet ouvrage n'a pas pour vertu d'être un manuel, mais plutôt une revue de la littérature et des données disponibles à un instant T, pour donner des clés de compréhension, offrir des outils dont les citoyens et citoyennes pourront s’emparer, pour réfléchir et débattre de façon plus éclairée.
Que proposez-vous aux lecteurs et lectrices à travers cet essai ?
L'objectif, c'est vraiment de fournir un ouvrage accessible à tous, avec une grille de lecture assez complète pour comprendre à la fois les déterminants des conflits, leurs coûts et ce que nous apprend la recherche en économie sur les politiques mises en place, ainsi que leurs effets positifs ou négatifs. Il s’agit donc de proposer un cadre analytique et de montrer qu'en fait, les économistes ont aussi des choses à raconter sur ces questions-là. Du coup, cet ouvrage vient en complémentarité par rapport à des écrits scientifiques d’historiens, de sociologues et d’anthropologues, et il a également pour but de faire dialoguer les différents domaines de recherche.
Vous évoquez l’Ukraine et le conflit israélo-palestinien, mais pas seulement…
Effectivement, on pense tout de suite à ces deux conflits qui font les gros titres. Mais en réalité, je me penche davantage sur l’aspect guerre civile, car la plus grande majorité des événements violents qui ont lieu sont des conflits civils. Cela signifie qu’ils opposent soit des groupes armés contre le gouvernement, soit des groupes entre eux, au sein d'un même pays. Les déterminants et les conséquences des conflits peuvent être très différents suivant qu’on est dans le cadre d'un conflit civil ou d’un conflit interétatique. Du coup, je parle un peu du conflit en Ukraine, un petit peu du conflit israélo-palestinien, mais l'ancrage scientifique, c'est énormément de littérature académique internationale sur la compréhension des conflits civils. Par ailleurs, il est important de rappeler que la question des conflits ne date pas du tout de 2022. Quand on regarde les chiffres, on voit qu’il y a eu une augmentation de la violence au sens très large depuis à peu près 2010. Ce n'est pas un phénomène nouveau et l'intérêt des économistes pour cette question n'est pas nouveau non plus.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire cet ouvrage ?
La première motivation, c'est que je trouve extrêmement important qu’en tant qu'universitaire et enseignant-chercheur, qu’on discute des sujets de recherche qui sont les nôtres avec le grand public. Il me semble nécessaire de pouvoir vulgariser dans le sens noble du terme ce qu'on apprend et ce qu'on sait de nos travaux et de ceux des autres collègues.
La deuxième motivation, c'est que la question des conflits refait la une depuis deux ou trois ans, notamment depuis l'invasion russe en Ukraine. On en entend beaucoup plus parler, avec beaucoup d'interrogations. Entre cette actualité et le fait que je mûrissais le projet depuis quelques temps, j’ai pensé que c'était le bon moment.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
J'espère simplement que cet ouvrage sera utile au plus grand nombre et qu'il permettra vraiment de saisir la richesse des résultats sur les déterminants, les conséquences et les politiques qui peuvent être mises en place. J'ai essayé de faire en sorte qu’il soit vraiment accessible à tous les publics, même si c’est parfois compliqué à l’écrit, en tant qu'universitaire, de savoir si le propos va être clair ou non. C’est plus facile lorsque l’on a des questions qui viennent de la salle !
En tout cas, je trouve que c'est une belle aventure, un bel exercice qui s’inscrit finalement dans le prolongement de ce que je pensais de l'activité d'enseignant-chercheur, c'est-à-dire la diffusion des savoirs au-delà de la sphère académique. Je trouve que c'est extrêmement important que les enseignants-chercheurs soient audibles et participent au débat public sur les thématiques qui sont les leurs, parce qu'ils apportent une expertise et qu’on en a besoin aujourd’hui.
Dans les médias
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