
Gros plan sur la publication scientifique « Geochemical chronologies in Paranthropus robustus teeth inform habitat and life histories », parue le 23 juillet 2025 dans Nature Ecology and Evolution, et à laquelle a contribué Vincent Balter, directeur de recherche CNRS, membre du laboratoire LGL-TPE, à l’ENS de Lyon, aux côtés d’Andrew Sillen et Christopher Dean.
Mieux comprendre l’habitat, les déplacements et le mode de vie du Paranthropus robustus, un hominine du Pléistocène – parent évolutif de l’homme – découvert dans la région du Gauteng, en Afrique du Sud : tel est l’enjeu des travaux scientifiques publiés dans Nature Ecology and Evolution, par Vincent Balter, directeur de recherche CNRS, membre du laboratoire LGL-TPE, à l’ENS de Lyon, Andrew Sillen, paléoanthropologue à New-York, et Christopher Dean, paléoanthropologue à Londres.
Concrètement, ces chercheurs ont étudié des dents fossiles trouvées en Afrique du Sud, sur les sites de Swartkrans et Kromdraai. Ils ont analysé certains éléments chimiques (comme le strontium, le calcium et le baryum) présents dans ces dents pour comprendre comment Paranthropus robustus vivait. Grâce à cela, ils ont pu reconstituer 28 chronologies géochimiques, donnant des informations sur son comportement et ses habitudes.

Définition géochimique et spatiale de LIDEA - a, La variabilité de 87Sr/86Sr dans les troisièmes molaires tardives de P. robustus (correspondant à un âge dentaire de > 2 400 jours) est utilisée pour la définition géochimique de LIDEA, représentée par ± 2 s.d. de la valeur moyenne de 87Sr/86Sr. 87Sr/86Sr est également indiqué pour les plantes locales de différents substrats rocheux, y compris la ceinture verte du ruisseau Blaaubank adjacente à Swartkrans6. b, Ces surfaces de probabilité d'origine qui correspondent le mieux aux valeurs minimales et maximales de l'émail 87Sr/86Sr fournissent une résolution spatiale de LIDEA. JNB, Johannesburg ; PTR, Pretoria ; SWK, Swartkrans. Échelle, 50 km. © 2025 Sillen, A. et al.
Les chercheurs ont ainsi découvert que ces habitants proches du genre humain vivaient à la fois dans des forêts et dans des zones herbeuses, sans se limiter à un seul type d’environnement, et que le territoire utilisé par ces individus était assez grand, comparable à celui des chasseurs-cueilleurs modernes. Ils ont également constaté que P. robustus ne suivait pas forcément le modèle des chimpanzés (mâles sédentaires, femelles mobiles), mais avait des comportements variés.
Les analyses ont aussi révélé des cycles, peut-être liés aux saisons ou aux phases de la Lune, et démontré que P. robustus savait s’adapter à son environnement et à ses ressources, requestionnant la possibilité qu’il ait pu disparaître à cause d’un régime alimentaire trop limité.
Point très important à noter : l’approche utilisée par ce groupe de chercheurs, combinant géochimie, histologie dentaire et cartographie isotopique, est tout à fait novatrice et pourra servir de modèle pour étudier d’autres genres d’homininés, comme les premiers Homo ou l’ancêtre commun, Australopithecus.
Références
Geochemical chronologies in Paranthropus robustus teeth inform habitat and life histories. Nat. Ecol. Evol. (2025). DOI : https://doi.org/10.1038/s41559-025-02798-1
Dans les médias
Le Soir 20-08-2025 Les étonnants paranthropes, cousins de l’homme, qui vivaient il y a deux millions d’années (accès payant)
Le Figaro 17-08-2025 Les étonnants paranthropes, cousins de l’homme, qui vivaient il y a 2 millions d’années (accès payant)
Science&vie 31-07-2025 Il y a 2 millions d'années, l'Homo erectus a rencontré deux autres de nos ancêtres dans une vallée en Afrique du Sud. Que s'est-il passé ? (accès libre)
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