La géographie de la santé se définit selon Henri Picheral comme “l’analyse spatiale des disparités de niveau de soins et de santé des populations et des facteurs environnementaux qui concourent à expliquer ces inégalités” (Henri Picheral, 1984). Elle représente aujourd’hui un segment déterminant de l’approche plurielle de la santé et nous pousse à nous interroger sur les nombreux liens existants entre espace, territoire et santé. C’est à travers ces domaines d’action et de réflexion que cette branche de la géographie contribue à “l’aménagement de l’espace sanitaire et à l’aménagement sanitaire de l’espace”. (Tonnelier, Vigneron, 1999).

En interrogeant le rôle de l’espace dans la santé des populations, nous soulignons le fait que la santé ne se résume pas au médical mais qu’elle se vit au quotidien (Sébastien Fleuret, 2002). Nous proposons dans ce cours, trois axes de réflexions autours des enjeux socio-spatiaux de la santé des populations.

Un premier axe qui consiste à nous interroger sur l’inscription spatiale de l’offre de soins et l’adaptation de ce service aux besoins territoriaux. S’interroger sur les liens entre espace et santé, c’est avant tout questionner la pertinence des échelles de décisions et de compétences territoriales en matière de santé publique, d’aménagement et tout autre domaine de gouvernance pouvant influencer la santé des populations d’un territoire.

Le deuxième axe, qui mobilise la majeure partie de ce cours, se concentre sur l’analyse des processus d’exclusion sociale et d’inégalité de santé par l’espace. Comprendre les mécanismes de production des inégalités de santé nécessite d’identifier les différents déterminants sociaux de la santé étudiés dans la littérature en géographie de la santé mais également en santé publique et en épidémiologie. Il s’agit ici de proposer une analyse spatiale des faits de santé de la population, des comportements sanitaires et des facteurs environnementaux concourant à la bonne santé des individus. L’enjeu est également d’éclaircir la dimension sociale des termes d’accessibilité, de distance et d’éloignement qui bien souvent, sont réduits à leur simple dimension physique.

Enfin, nous entamons dans un troisième axe, une réflexion sur l’espace comme révélateur de politiques et de pratiques au service du bien-être.

A travers ces trois approches de la dimension territoriale de la santé, l’objectif global est de comprendre l’espace social pour comprendre la santé des populations.