Journée d’étude sur la théorie de l’art contemporain, consacrée à une approche actionniste de l’art, au sens large d’une théorie de l’art qui réinscrit la question de la définition de la nature de l’art au sein d’une théorie de l’action.
Les langues naturelles marquent linguistiquement les principaux types d’action, notamment en forgeant un verbe spécifique lorsqu’elles disposent de cette catégorie de mot, ainsi que c’est presque universellement le cas. Ce processus de marquage linguistique laisse cependant curieusement à l’écart l’un des modes si essentiels de l’agir humain que l’on a souvent proposé d’y voir sa différence la plus essentielle d'avec l’agir animal, et qui n’est autre que celui de l’activité artistique. Le français ne contient ainsi ni le verbe ‘arter’ ni aucun équivalent, et il semble qu’il s’agisse là d‘un pur néologisme dans toutes les autres langues à verbes. Nul ne saurait pourtant raisonnablement douter que l’art tout entier rentre à plusieurs titres dans la catégorie du faire, notamment au niveau de sa production ou de sa réception, même si ce lien ne se voit souligné au plan terminologique que pour certaines de ses formes, celles rangées dans la catégorie des arts de la performance, au sens tant traditionnel que contemporain de cette expression.
Est-ce à dire que l’art n’est qu’accessoirement ou secondairement un faire artistique, ou s’agit-il là au contraire d’une curieuse lacune linguistique qui masque ce qu’il y a précisément de plus essentiel en lui ? Convient-il en d’autres termes, pour enfin commencer de clore le vieux débat autour de la définition de l’art, de re-catégoriser fondamentalement celui-ci comme une modalité de l’agir, ainsi que le philosophe John Austin a pu à une certaine époque le proposer pour le langage en arguant que dire était avant toute chose un faire ? Telle est la question centrale dont l’atelier se propose de poursuivre l’investigation, en particulier à la lumière, quoique non pas seulement, des divers développements de la modernité artistique et de la théorie contemporaine de l’art, qui se sont de diverses manières attachées à défendre l’essentialité de l’action pour l’art.
Cette question, et les nombreuses autres qu’elle induit (par exemple relativement à la spécificité de l’action artistique, à la manière dont l’art lui-même peut contribuer à son élucidation ou aux lumières que celle-ci peut en retour jeter sur les autres formes de l’agir), seront abordées dans une perspective pluridisciplinaire qui mêlera les contributions de la philosophie, de la théorie et de l’histoire de l’art ainsi que de la pratique artistique elle-même.
Cet atelier sera la troisième d’une série de manifestations organisée depuis 2016 autour de ce thème en coopération avec le groupe Artistic Research Practices de l’Académie Libanaise des Beaux Arts (Université de Balamand). Il se tiendra dans le cadre de la 15èmeBiennale d’Art contemporain de Lyon et de son partenariat culturel avec l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, et sera conduit également en association avec l’opération Campus Rhodanien Philosophie, Cognition, Réalités Sociales (ENS de Lyon-Université de Lausanne), le Knowledge and Action Lab du Joint Institute for Science and Society (ENS de Lyon -East China Normal University), et le Centre d’Etudes et de Recherches Comparées sur la Création de l’ENS de Lyon (EA 1633).
PROGRAMME
10h 15-10H30 : INTRODUCTION
L’idée de pragmatisme artistique. Jean-Michel Roy, Philosophie et Sciences Cognitives, ENS de Lyon
10-30 –13h SESSION 1
10h30-11h15 : L’art de l’affordance Jérôme Dokic, Philosophie et Sciences Cognitives, EHESS
11h15-12h : Le spectateur recréateur des gestes du peintre Jérôme Pelletier, Philosophie et Sciences Cognitives, Université de Bretagne occidentale
12h-12h15 : Pause
12h15-13h : Le simulationnisme incarné au fondement d’un actionnisme des arts visuels, Alice Dupas, Philosophie, ENS de Lyon
14h30-17h : SESSION 2
14h30-15h15 : Pour un actionnisme étendu Paola Yacoub et Michel Lasserre, ARP Académie Libanaise des Beaux Arts
15h15-16h : Marcel Duchamp et le non-agir Christine Vial-Kayser, Conservatrice & théoricienne de l’art, Institut Catholique de Paris
16h-16h15 : Pause
16h15-17h : Instabilités et performativité : où réside l’action ? Sara Franceschelli, Philosophie, ENS de Lyon
17h-17h45 : DISCUSSION GENERALE Modérateurs : Eric Dayre, Arts et Lettres, ENS de Lyon, Jean-Michel Roy, Philosophie et Sciences Cognitives, ENS de Lyon
La manifestation est ouverte à tous et est en accès libre.
Mail : Jean-Michel.ROY [at] ens-lyon.fr (jean-michel[dot]roy[at]ens-lyon[dot]fr)