Le virus Nipah (NiV) est un paramyxovirus hautement pathogène pour les humains faisant partie de la liste prioritaire pour la recherche de l’OMS. Les chauves-souris Pteropus sont le réservoir naturel asymptomatique du NiV et nous nous sommes intéressés aux mécanismes leur permettant de tolérer l’infection. Pour cela, nous avons réalisé une analyse transcriptomique comparative entre des cellules de chauves-souris et des cellules humaines. Nous avons observé des profils immunitaires distincts à l'état basal. Les cellules de chauves-souris présentent des niveaux élevés de récepteurs comme TLR3 et TLR8, pouvant expliquer une détection rapide du virus. De plus, la cinétique d'activation des gènes a montré une différence entre les deux espèces, avec une activation précoce chez les chauves-souris alors que plus tardive et dérégulée chez les humains. L’activation précoce de la voie NF-kB a été observée chez les chauves-souris et parmi ces facteurs, c-Rel faisait partie des gènes les plus exprimés. L'analyse fonctionnelle a révélé que les protéines c-Rel humaine et chauve-souris induisent l'activation de la voie NF-kB et sont inhibées par la protéine non structurale NiV-W. Nous avons aussi montré la capacité du c-Rel de chauve-souris, contrairement au c-Rel humain, de moduler l’activité du promoteur de réponse aux IFN (ISRE) après stimulation par l’IFN. Cette étude suggère que la réponse rapide et transitoire des Pteropus pourrait favoriser une meilleure régulation des réponses pro-inflammatoires et contribuer à leur capacité de contrôler l’infection NiV. Ce virus ne disposant pas de traitement ou de vaccin, le travail a aussi porté sur l’évaluation d’un inhibiteur de fusion agissant sur l’entrée du virus, et d’un vaccin. Ce dernier, combinant le récepteur CD40 à l’ectodomaine de la protéine G a été validé in-vivo, démontrant une protection complète chez les singes immunisés. L’ensemble de ces résultats ouvre de perspectives vers des approches antivirales innovantes.
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