Matin
Séminaire de traductologie féministe : Sous la conduite d'Hermès, aux carrefours de la traduction et du féminisme
Avec Jane Elisabeth Wilhelm
Discutantes : Valeriya Voskresenskaya, Sinoimeri Lola et Jeanne Ravaute
À l'Université Lumière Lyon 2, 18 quai Claude Bernard, Bâtiment Bélénos, en salle BR18
Nous examinerons les lieux de convergence entre traduction, herméneutique et féminisme, sous la conduite d'Hermès, maître des échanges. La traduction, écrit Jean-René Ladmiral, peut être considérée comme une « herméneutique en acte » et nous retracerons ainsi, dans un premier temps, les étapes de l’histoire de l’interprétation et de l’accession de l’herméneutique à l’universalité. Le texte, en tant qu’écriture appelant la lecture et donc l’acte d’interprétation, constitue le point de rencontre de la tradition herméneutique et des théories de la traduction. Nous évoquerons les grands thèmes de la tradition nous permettant d’articuler les rapports entre traduction et herméneutique : la dialectique du Même et de l'Autre, la médiation, le « cercle herméneutique », la question des « préjugés » et de la « pré-compréhension », le problème de l’« application » (la subtilitas applicandi), et l’« appropriation » (ou la « désappropriation »). Tous ces grands thèmes s’articulent autour du problème du malentendu, qui suscite alors le travail d’interprétation dont l’herméneutique se propose de faire la théorie, ainsi que du rapport entre le « propre » et l’« étranger ». Rappelons que la tâche de l’herméneutique, pour Hans-Georg Gadamer, se fonde sur une « polarité entre familiarité et étrangeté ». Cette question centrale se résume en traduction par le fameux paradoxe posé par Friedrich Schleiermacher dans sa conférence présentée à l’Académie Royale des Sciences de Berlin en 1813 intitulée Sur les différentes méthodes de traduction, à savoir amener le lecteur à l’auteur ou amener l’auteur au lecteur. L’alternative proposée par Schleiermacher, qui demeure capitale pour un grand nombre de théoriciens de la traduction, renvoie aussi à des considérations d’ordre éthique et politique qui ont été développées en traductologie notamment par Antoine Berman, Lawrence Venuti ou Anthony Pym. Nous examinerons, dans un deuxième temps, les points de rencontre entre la traductologie et les études de genre sous l'angle de la lecture et de l'interprétation. Nous évoquerons en particulier la question des métaphores sexuelles et sexistes, qui traversent l'histoire de la traduction, et la relecture féministe des « belles infidèles ». Enfin, dans un troisième temps, nous aborderons le problème de l'éthique, qui est commun à l'herméneutique, à la traduction et au féminisme, à partir d'une réflexion sur l'« hospitalité langagière » de Paul Ricœur et l'acte politique de l'accueil. Le modèle de l'hospitalité linguistique et culturelle, que Ricœur étend à « l'imaginaire social », pourrait-il être aussi un modèle d'égalité entre les sexes, compris comme « la chose à faire » (Hannah Arendt citée par Ricœur), dans l'élargissement de l'horizon d'attente d'une nouvelle mise en sens du monde ?
Après-midi
Atelier de traduction féministe : Traduire Sandra G. Harding
Traduction de Charlie Brousseau, Léa Védie et Thomas Crespo
À l'Université Lumière Lyon 2, 18 quai Claude Bernard, Bâtiment Bélénos, en salle B148
Cet atelier de traduction féministe débutera sur une présentation par Charlie Brousseau, Léa Védie et Thomas Crespo de la traduction d’un article de la philosophe américaine Sandra G. Harding : « Rethinking standpoint epistemology : What is « strong objectivity » ? ». In The Centennial Review, vol. 36, n° 3 (fall 1992). Cette présentation sera suivie d’une révision collective de la traduction.
Leur présentation sera suivie d'une révision collective de la traduction.
Gratuit
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