Qu’elle fasse référence à un combat contre un dieu dans des récits de personnages – mortels ou pas – qui offensent dans un accès d’hybris Dionysos, Artémis ou encore Apollon et sont punis pour cela, ou qu’elle se réfère au combat des dieux Olympiens soit entre eux (cf. Iliade 21), soit contre d’autres êtres de statut divin tels que les Titans ou les Géants, la théomachie est un motif essentiel de la mythologie grecque.
Elle est de fait absolument centrale dans l’œuvre de Nonnos de Panopolis, poète égyptien de langue grecque du Ve siècle ap. J.-C., à qui la tradition attribue l’épopée des Dionysiaques et une Paraphrase hexamétrique de l’Évangile de Jean. En effet, dans ce corpus pour le moins hétérogène, un des éléments d’unité – outre le vers choisi, un lexique commun et une banque d’images partagées – repose sur la présence dans les deux poèmes d’une figure récurrente d’opposant à la divinité : le θεόμαχος (« théomaque »), dont les incarnations sont multiples et variées tant chez les ennemis de Dionysos dont la naissance particulière questionne le placement légitime au sein des Ouraniens que chez les ennemis de Jésus dans la réécriture de l’évangile johannique.
L’étude présente offre un portrait de ce type de personnage : décrivant comment la langue du poète tardif caractérise leurs actes et leurs paroles, identifiant les similitudes et les différences dans leurs traitements, elle allie les ressources de l’analyse philologique et de la narratologie, pour proposer une interprétation de la figure du théomaque chez Nonnos qui rende compte de la diversité (cette ποικιλία revendiquée comme principe fondateur) de l’esthétique nonnienne.
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