Ce travail de thèse entend montrer que le concept de corps-propre, tel qu'il apparaît dans les années 1940, s'inscrit dans une longue histoire de la métaphysique au XIXe siècle. Plus précisément, dans les années 1940, la phénoménologie développe un concept de corps propre, qui est un possible parmi plusieurs autres. Cette diversité de concepts possibles de corps propre traduit diverses orientations métaphysiques (animistes, spiritualistes et vitalistes). La place du corps se révèle alors être centrale dans les débats métaphysiques à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, lesquels se nouent entre les philosophes et les scientifiques, les médecins et les psychiatres. À cet égard, nous repartons du courant spiritualiste français, lequel assume une perspective métaphysique forte, qui nous permettra d'interroger la manière dont se construit un champ de débat dans la France de la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu'au début du XXe siècle.
Ce travail nous semble ainsi répondre à trois enjeux méthodologiques :
Il permet de montrer l'importance des questionnements métaphysiques dans l'articulation des différentes disciplines (philosophie, médecine, aliénisme), mais aussi à l'intérieur d'une discipline. Cette perspective, permet d'essayer de thématiser une histoire de la discussion entre philosophie et science, dans une perspective inspirée de Canguilhem.
Ce travail permet de montrer l'importance des relectures de la métaphysique classique dans les débats autour du corps-propre, notamment en thématisant l'articulation problématique de plusieurs figures. En interrogeant l'articulation de la métaphysique classique (Malebranche, Spinoza, ou Leibniz) avec d'autres figures métaphysiques, en particulier celle de Maine de Biran, on montre le rôle des figures dans la construction d'un débat transdisciplinaire.
Enfin, ce travail permet de s'interroger sur la pluralité des concepts possibles de corps, et sur les enjeux de leur réminiscence par le travail historique. Il s'agit moins en effet de tracer une genèse linéaire du concept de corps-propre, que de s'interroger sur la fécondité métaphysique de ces concepts et les raisons de leur occultation. Bien plus encore, c'est l'effet-retour sur des auteurs ou catégories historiographiques que ce travail permet de relire sous une nouvelle perspective, qui nous semble important. En effet on montrera qu'il est possible de réintégrer la phénoménologie dans une histoire de la métaphysique et d'interroger les résurgences du spiritualisme dans la philosophie contemporaine, mais aussi de redéfinir le spiritualisme depuis ses interactions avec les sciences positives.
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