Cette thèse propose une lecture écocritique de quatre romans nord-américains : Through the Arc of the Rain Forest de Karen Tei Yamashita (1990), Salvage the Bones de Jesmyn Ward (2011), Flight Behavior de Barbara Kingsolver (2012), et A Tale for the Time Being de Ruth Ozeki (2013). Ces textes associent scénarios de catastrophes écologiques et exploration des traumatismes individuels et collectifs subis par des sujets humains et non-humains. L’étude vise à analyser les dimensions suivantes des textes étudiés : 1) Les rapports entre la représentation des catastrophes naturelles et de la crise écologique, et celle des individus opprimés par les systèmes socioéconomiques (néo)coloniaux et patriarcaux ; 2) Les dispositifs textuels de mise en scène de ces subjectivités marginalisées – « féminisées », « racisées » ou non-humaines – par le biais desquels ces écrivaines mettent en évidence les différentes manières dont les catégories de sexe et de race, ainsi que les notions « humain » et « non-humain », sont socialement construites et par là même empreintes d’une fluidité porteuse de changement ; 3) La manière dont ces récits font place aux multiples formes de déchets et de détritus matériels, humains et non-humains, créés et légitimés par ces systèmes d’oppression. L’approche adoptée, résolument transdisciplinaire, combine microlectures, qui prêtent attention aux traits langagiers et stylistiques des textes, et mises en contexte historiques, écologiques et socioéconomiques plus larges des ouvrages étudiés, en employant les outils conceptuels des critical animal studies, des waste studies, et des trauma studies. Cette étude, in fine, cherche à interroger le rôle que les écofictions peuvent espérer jouer face aux urgences écologiques et notamment climatiques. À travers l’analyse des représentations de l’environnement et de l’espace, de la corporalité et agentivité non-humaines autant qu’humaines, des traumatismes individuels et transgénérationnels, ce travail de recherche offre une réflexion sur le potentiel décolonisateur et libérateur de la fiction climatique à l’ère de l’Anthropocène.
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