Ce cours a pour objectif de parcourir la littérature dite « mondaine » du XVIIe siècle en la resituant dans son contexte géographique (celui des salons parisiens et de province mais aussi de la « ville » et de la « cour » opposées par La Bruyère), sociologique, et surtout littéraire et culturel. Il a pour premier objectif de faire connaître des auteurs et autrices souvent mentionnés, mais rarement lus et permettra de se familiariser avec des formes spécifiques ayant largement irrigué la littérature du XVIIe siècle (comme la conversation, le portrait, la nouvelle, les énigmes ou les maximes).
Pour ce faire, nous partirons des catégories forgées au XVIIe siècle pour situer et nommer ces productions discursives variées et leurs auteurs et autrices : celle, polémique et dépréciative, de préciosité, et celle de galanterie. Cette dernière catégorie émerge à partir des années 1640-1660. Elle ressort à la fois d’une esthétique et d’une éthique et se matérialise dans des formes et logiques discursives spécifiques, dans un contexte où de fortes rivalités agitent le champ littéraire en train de se constituer. Les milieux érudits (de l’Université et du Parlement) voient leur hégémonie sur les productions littéraires contestée par l’arrivée d’un nouveau public, plus large, qui depuis la cour et les salons, s’engage à son tour dans les débats et la production littéraires. Ces nouvelles et nouveaux venus à la littérature, bien souvent, se revendiquent alors de la galanterie, et inscrivent leurs œuvres dans ce que certains auteurs ont alors nommé le « Parnasse Galant ». L’une des spécificités de ce « Parnasse Galant » et qu’il fonde son autorité sur des pratiques mondaines.Comme le résume Delphine Denis, « Loin de naître d’une radicale rupture avec l’espace historique où elle s’élabora, la littérature galante se signale au contraire par une grande porosité à l’égard de ce référent socio-culturel […] Aussi ne faut-il pas s’étonner que ce discours littéraire, à la recherche de sa spécificité et de son public procède d’une double “institution” : celle de l’espace mondain, instance de production et de réception, et celle de la “galanterie” qui en constituerait l’émanation esthétique la plus fidèle, tout en contribuant, par voie de retour, à former un public croissant au goût nouveau. » (D. Denis, Le Parnasse Galant. Institution d’une catégorie littéraire au XVIIe siècle, Paris : Champion, 2001). En tant que lieu discursif de l’institution du « monde », la galanterie apparaît alors comme une clé de compréhension privilégiée des milieux, de la littérature et du public mondains. Son pédant péjoratif, la catégorie de « préciosité », qui vise principalement des femmes engagées dans l’institution du « Parnasse Galant », nous renseigne sur les résistance qu’a pu susciter l’accès à la culture et à l’écriture d’un public non docte, non spécialiste des humanités, et pour partie (mais non exclusivement !) féminin.
Nous serons ainsi amenés à travailler et réfléchir sur les critères de la légitimité littéraire qui émergent dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Le second objectif, théorique, de ce cours est ainsi de se familiariser avec les catégories de galanterie et de préciosité tout en réfléchissant à la formation et aux usages de ces catégories.
Le corpus d’études sera composé la fois des figures majeures de la littérature galante (Mme de Scudéry, Fontenelle, Donneau de Visé), et des textes d’observateurs de la société (Molière) et du champ littéraire en voie de constitution (Furetière et Sorel). Le programme (provisoire) du cours figure en annexe.