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Agenda de l'ENS de Lyon

Deuxièmes Rencontres EduCoLa : l'épistémologie de nos disciplines

Date
mer 06 juin 2018
Horaires

8h30-17h

Intervenant(s)
  • André Robert
  • Hugo Mercier
  • Kris Lund
Organisateur(s)
Langue(s) des interventions
Description générale

Les deuxièmes rencontres EduCoLa se focaliseront sur l’épistémologie des disciplines qui étudient le langage, la cognition, ou l’éducation. Si l’épistémologie est la discipline qui prend la connaissance scientifique pour objet (Larousse), elle a plus spécifiquement pour but l’étude critique des présupposés, méthodes, et conclusions d’une science particulière. Il est rare que les chercheurs de traditions différentes entreprennent une comparaison explicite des postulats, des choix méthodologiques ou des valeurs qui sous-tendent leur travail scientifique. Or, un tel travail est nécessaire pour collaborer de manière efficace lorsque des chercheurs venant de disciplines différentes partagent un terrain, étudient le même phénomène, appliquent des méthodes mixtes ou tentent ensemble, d’élaborer des questions de recherche. Un des objectifs du collège EduCoLa est de promouvoir la collaboration interdisciplinaire au sein de notre périmètre et cela passe par une réflexion commune sur l’épistémologie de nos disciplines. Par interdisciplinarité, nous entendons une recherche qui réussit à intégrer des aspects théoriques ou méthodologiques d’au moins deux disciplines. Les deuxièmes rencontres EduCoLa tiendront sur une journée avec des intervenants en séance plénière le matin suivis par d’ateliers l’après midi.  Les intervenants traiteront les aspects suivants : « Des épistémologies de la rupture à l'idée de "sciences citoyennes", quelques réflexions » d’André Robert ; « Pourquoi raisonnons-nous ? »  de Hugo Mercier et « Qu’est ce qu’une bonne explication?  Comparaisons entre disciplinaires académiques » de Kris Lund. Les ateliers ont pour objet de réunir les acteurs autour des deux projets financés, tout deux avec une visée interdisciplinaire : 1) Apprendre et enseigner avec le numérique : de la conception des outils à l’évaluation des usages et 2) Circulation des savoirs entre sciences, politiques et pratiques en éducation et formation. D’autres ateliers seront organisés en fonction des souhaits de montage de projet. Les ateliers prendront en compte les éléments discutés le matin.   

Programme :

8h30 : café accueil

9h00-9h15 : Ouverture : Kris Lund

9h15-10h00 : « Des épistémologies de la rupture à l'idée de "sciences citoyennes", quelques réflexions » d’André Robert 

10h00-10h15 Discussion

10h15-11h00 : « Pourquoi raisonnons-nous ? »  de Hugo Mercier

11h00-11h15 Discussion

11h15-12h00 : Qu’est ce qu’une bonne explication? Comparaisons entre disciplinaires académiques » de Kris Lund

12h00-12h15 Discussion

12h15-14h00 : repas

14h00-17h00 : ateliers en parallèle (CR à élaborer et à rendre au bureau EduCoLa)

 - 1) Apprendre et enseigner avec le numérique : de la conception des outils à l’évaluation des usages

-  2) Circulation des savoirs entre sciences, politiques et pratiques en éducation et formation

-  3) d’autres groupes qui veuillent monter un projet interdisciplinaire au sein d’EduCoLa

S'inscrire pour le repas de midi (obligatoire) avant le 18 mai (limité à 100 personnes) https://doodle.com/poll/4w4fdzu3i8zqdait   

André Robert - Des épistémologies de la rupture à l'idée de "sciences citoyennes", quelques réflexions

Dans ce que certains auteurs (Gibbons, Nowotny et al.) ont pu appeler le « mode 1 de la connaissance », s’affirme une conception différencialiste de l’activité de recherche à laquelle nous nous rattachons majoritairement : les institutions de recherche dominantes y sont les universités, et les disciplines se présentent nettement séparées ; y prédominent des épistémologies de la rupture qui peuvent être référées au modèle bachelardien. S’il ne peut être question de renoncer aux apports indispensables de ces positions épistémologiques dans nos pratiques de chercheurs en sciences humaines et sociales, on ne peut pour autant ignorer ce que les mêmes auteurs ont désigné par « mode 2 » de la connaissance et de la société caractéristique de la période contemporaine. Celui-ci (qui nous interpelle désormais de manière quasi constante dans la vie universitaire et qui ne doit évidemment pas être exempt d’une lecture critique) se manifeste, entre autres, par l’avènement de différentes formes d’anti-différencialisme concernant l’activité de recherche et donc par la montée de diverses variantes du relativisme appliqué à l’idée même de science indépendante, (comme en attestent de nombreux travaux relevant de la sociologie des sciences).  Les auteurs soulignent encore la place importante, l’intervention désormais permanente de "l'agora" et des citoyens. Ma communication s’interrogera sur les rapports entre ces deux modes de connaissance,  sans occulter les questions posées par ce qui se dessine aujourd’hui autour des expressions de « sciences citoyennes », « sciences participatives », « community based research » ou « intelligence publique des sciences », en essayant modestement de dégager les lignes d’une possible troisième voie.

Hugo Mercier - Pourquoi raisonnons-nous ?

Le raisonnement est souvent perçu comme une capacité essentiellement individuelle : en examinant seul les raisons sur lesquelles reposent nos opinions, nous devrions parvenir à les affiner ; en pesant le pour et le contre avant de prendre des décisions, nous devrions faire de meilleurs choix. Cependant, des travaux de psychologie expérimentale, ainsi que de nombreuses observations historiques ou de la vie de tous les jours montrent que c’est loin d’être toujours le cas. Il semble même que le raisonnement soit un outil particulièrement ma adapté pour améliorer en solitaire nos opinions ou nos décisions. En effet, le raisonnement est biaisé : plutôt que de se montrer critique envers nos propres opinions, il cherche systématiquement à les défendre ; plutôt que d’évaluer objectivement une décision, il nous pousse vers la décision la plus facile à justifier, qu’elle soit la meilleure ou non. Ces résultats nous ont amené à repenser la fonction du raisonnement. Le raisonnement aurait une fonction sociale : il aurait évolué pour nous permettre de défendre nos actions et nos opinions, et pour évaluer les arguments et justifications que d’autres nous offrent. Envisagés sous cet angle, les biais du raisonnement apparaissent comme des traits adaptatifs. Penser aux fonctions sociales du raisonnement attire aussi l’attention sur les contextes dans lesquels il fonctionne le mieux : lorsque nous débattons avec des pairs de bonne volonté.

Kris Lund - Qu’est ce qu’une bonne explication? Comparaisons entre disciplinaires académiques 

Pourquoi s’intéresser à la façon dont différentes disciplines académiques expliquent les phénomènes qu’ils étudient ? Dans cet exposé, je donnerai des définitions préliminaires de l’explication, distinguant l’explication scientifique de l’explication banale. Nous nous intéresserons plus particulièrement à l’explication scientifique, arguant que la comparaison des explications de différentes disciplines oblige les chercheurs à expliciter leurs présupposés, ce qui facilite la collaboration interdisciplinaire.  Je donnerai des exemples de ce qui est considéré comme une bonne explication (de l’avis de certains chercheurs) pour différentes disciplines comme les sciences cognitives, les sciences du langages et la sociologie. Enfin, je donnerai des pistes pour travailler à la frontière des disciplines en suggérant comment construire des ponts entre niveaux analytiques.

Gratuit

Kristine Lund : kristine.lund [at] ens-lyon.fr