Agenda de l'ENS de Lyon

Henri Maspero (1883-1945), aurait-il pu prévoir que du statut d’éminent sinologue, intellectuel et historien français, il deviendrait lui-même, de nos jours, le sujet de nouvelles recherches ? Il est certain que sa vie et les travaux en sinologie qu’il a menés tout au long de sa vie, méritent que cette nouvelle étude lui soit entièrement consacrée.

La première partie est consacrée à l’introduction générale de Maspero, à sa naissance, sa famille et sa formation, ainsi que l’état actuelle des recherches le concernant. Cela nous permet d’avoir une image général de cet homme et, de ce sinologue.

La deuxième partie a pour objectif de présenter les conditions extérieurs et intérieurs dans lesquelles Maspero a entamé sa carrière académique. Né au sein d’une famille intellectuelle, Maspero a pu bénéficier davantage des sources académiques. Après ses études aux établissements supérieurs, il a aussi eu l’opportunité de se lancer dans la sinologie au début du XX^e siècle, à une époque où la sinologie française atteignait un sommet inégalé. Par ailleurs, il convient de souligner la contribution d’Édouard Chavannes à la sinologie française au tournant du siècle, en termes de matériaux et de méthodes. La proximité des méthodes utilisées par Chavannes avec celles des historiens nous amènent à jeter un coup d’œil sur le développement de l’historiographie française à cette époque.

Après avoir terminé ses études à l’École des langues orientales, Maspero est parti à l’Indochine en tant que pensionnaire à l’EFEO en 1908, marquant ainsi sa transition du statut est passé d’étudiant à celui de chercheur. Cette période, qui a débuté en 1908 à Hanoï et s'est achevée en 1919 avec son retour à Paris pour occuper la chaire de langue et de littérature chinoises au Collège de France, correspond à la première phase de ses activités académiques. Ensuite, une deuxième phase a débuté dans un contexte nouveau, tant sur le plan géographique que scientifique, et elle a pris fin avec son arrestation tragique par la Gestapo en 1944. La troisième partie de cette étude est consacrée aux activités académiques de Maspero dans les deux périodes qui seront envisagées sous deux angles distincts : sous l’angle de sa carrière pédagogique, et sous celui de ses recherches scientifiques. À la différence des études existantes, nous avons souhaité d’une part détailler le processus qui a mené Maspero à occuper les fonctions dans les diverses institutions académiques où il fut accueilli; et d’autre part, et c’est ce qui constitue l’objet principal de notre étude, résumer les travaux de Maspero d’une manière aussi complète que possible tout en essayant d’évaluer leur portée scientifique et en tenant compte des développements ultérieurs de la recherche scientifique dans le domaine.

Dans la quatrième partie, nous discutons de la réception des études de Maspero en Chine au cours de deux différentes périodes : la première correspond à la République chinoise, tandis que la deuxième s’étend de 1978 jusqu’à aujourd’hui. Pour la première période, nous présentons trois exemples illustrant les différents destins des œuvres de Maspero aux milieux académiques chinois, ce qui nous amène à réfléchir sur les facteurs ayant influencé la réception des œuvres de Maspero pendant la période républicaine chinoise. Concernant la deuxième période, les articles publiés en Chine depuis 1978 qui mentionnent le nom de Maspero ou ses recherches peuvent être classées en quatre catégories, en fonction de l’objectif de l’auteur : I. Inventaire des recherches existantes. – II. Référence pour des études de sujets différents. – III. Études portant spécifiquement sur Maspero. – IV. Les documents chinois de la troisième expédition de sir. Aurel Stein en Asie centrale, et nous les analysons de manière synthétique. Cette études est essentielle pour comprendre la façon dont les travaux de Maspero ont été utilisés par les chercheurs chinois contemporains.

Après avoir réalisé les recherches mentionnées ci-dessus, nous réalisons clairement qu’il est inévitable que certains opinions de Maspero révèlent progressivement leurs faiblesses, voire se révèlent complètement faux au fur et à mesure que de nouveaux matériaux archéologiques sont mis au jour et que des générations d’érudits approfondissent leurs recherches. Cependant, pour un savant, la véritable grandeur ne réside pas dans sa capacité à parvenir à des conclusions totalement correctes ou irréfutables à son époque, mais dans le fait que ses recherches peuvent encore faire réfléchir et susciter des discussions quelques décennies ou quelques siècles plus tard.