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Agenda de l'ENS de Lyon

Penser l'utopie aujourd'hui avec Paul Ricoeur

Date
jeu 15 nov 2018
Horaires

10h-12h30 / 13h45-17h

Lieu(x)

D2 034 (salle Desanti)

Intervenant(s)
  • Jean-Luc Amalric
  • Olivier Mongin
  • Jean-Louis Schlegel
  • Joël Roman
  • Sébastien Roman
Organisateur(s)
Langue(s) des interventions
Description générale

Présentation de la journée

Il y a, depuis peu, en philosophie, un certain renouveau de l’utopie, pour ne pas dire une certaine mode, si bien que l’on ne peut plus écrire, comme le faisait encore récemment Miguel Abensour, qu’elle a aujourd’hui mauvaise presse, en étant considérée comme un concept désuet et dangereux[1].

Or, dans les débats contemporains qui ont précisément pour enjeu de penser l’utopie, contre le risque d’en faire simplement une tendance - ce qui serait une autre façon de prolonger son discrédit - il est frappant de constater que les travaux de Paul Ricoeur sont injustement très peu ou pas du tout cités, comme s’ils étaient de faible importance. Au contraire, Ricoeur lui consacre de nombreux textes, dès les années 1960 comme le prouve dernièrement la publication de certaines de ses conférences dans Plaidoyer pour l’utopie ecclésiale[2], mais aussi et surtout dans les années 1970, quand il est professeur à l’Université de Chicago. Ses cours ont été publiés dans L’idéologie et l’utopie, sans oublier Du texte à l’action. Essai d’herméneutique, II[3]. D’autres textes dans les années 1980-1990 attestent la permanence de l’utopie dans sa pensée, plus généralement de l’ « unique problème » de la « créativité » qu’il ne cesse de travailler depuis qu’il a "commencé à réfléchir"[4]. Son Dialogue sur l’histoire et l’imaginaire social avec Cornelius Castoriadis ne peut être compris que sous cet angle[5]. Ricoeur s’intéresse à l’utopie pour sa dimension créatrice, en lien avec la figure de l’imaginaire social moderne, qu’il traduit sur le plan politique par la tension conflictuelle entre l’idéologie et l’utopie sous l’influence de Karl Mannheim. La vie politique démocratique deviendrait lettre morte sans l’utopie, c’est-à-dire à la fois si n’existait plus une capacité de se projeter dans l’avenir ou de l’imaginer, comme figure d’un désir, et s’il n’était plus possible d’exercer de contre-pouvoir, ou d’élaborer un contre-discours pour contester l’ordre social établi. Une société démocratique est morte si elle n’a plus de pouvoir créateur, d’élan, et d’élan contestataire pour se remettre en cause et se protéger de la dimension idéologique du pouvoir politique mis en place.

L’enjeu de la journée d’étude, en conséquence, sera de montrer la richesse de la conception ricoeurienne de l’utopie tout en la confrontant à notre époque. De quelles(s) manière(s) Ricoeur pourrait-il être utile, aujourd’hui, pour saisir les conditions de possibilité de l’exercice utopique dans la vie démocratique ? Que pourrions-nous apprendre de l’utopie contemporaine en la replaçant dans la figure plus générale de l’imaginaire social moderne, toujours en lien avec l’idéologie, dont elle est le pendant ou le contrepied ? Par quels critères, à l’aide de Ricoeur, pourrions-nous qualifier ce qu’il appelait l’ "utopie pratique", aussi bien pour la déterminer (distinguer ce qui est utopique de ce qui ne l’est pas), la juger (bonne ou mauvaise), et favoriser les conditions de son émergence, dans le domaine de la politique ?

Interventions de  :

  • Jean-Luc Amalric :professeur de philosophie en CPGE, co-directeur de la revue Etudes Ricoeuriennes, chercheur associé au CRAL – EHESS.
  • Olivier Mongin : philosophe, directeur de publication des revues Esprit et Tousurbain
  • Jean-Louis Schlegel : sociologue des religions, directeur de publication de la revue Esprit
  • Joël Roman : philosophe, membre du comité de rédaction de la revue Esprit
  • Sébastien Roman : agrégé, docteur en philosophie, chercheur associé au laboratoire Triangle, UMR 5206

[1] Voir M. Abensour, "L'homme est un animal utopique. Entretien avec Miguel Abensour", S. Dayan-Herzbrun et al., Mouvements, 2006/3 no 45-46, p. 76.  

[2] P. Ricoeur, Plaidoyer pour l’utopie ecclésiale, Genève, Labor et Fides, 2016.

[3] P. Ricoeur, L’idéologie et l’utopie, (1986), Paris, Seuil, 1997 ; Du texte à l’action. Essai d’herméneutique, II, Paris, Seuil, 1986.

[4] P. Ricoeur, Philosophie, éthique et politique, Paris, Seuil, 2017, p. 91. La question de l’utopie se retrouve dans plusieurs textes regroupés dans cet ouvrage.

[5] P. Ricoeur, C. Castoriadis, Dialogue sur l’histoire et l’imaginaire social, Paris, EHESS, 2016.

Gratuit

Mail : sebastien.roman [at] ens-lyon.fr

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