L'océan Pacifique couvre un tiers de la surface de la Terre ; pourtant, l'Océanie, en son centre, reste un espace peu connu du public.
Ce cours vise à éclairer l’histoire de l’Océanie, de la période des « premiers contacts » (fin 18e-début 19e), aux périodes d’intensification des échanges économiques et de recours à la main-d’œuvre insulaire (années 1790-1860), puis de colonisation formelle (années 1870-1970). On finira par éclairer la période des luttes indépendantistes et des décolonisations, qui s'inscrivent parmi les plus tardives à l'échelle mondiale.
L’accent sera mis sur l’agency des Insulaires océaniens comme acteurs de leur propre histoire, et sur la compréhension de la période coloniale comme multiforme, évolutive et non téléologique. On introduira les étudiant-es à l’usage des sources historiques et aux grandes lignes d'interprétation historiographiques qui se sont succédées à propos de certains phénomènes. On introduira notamment une mise à distance critique des catégories "Polynésie" et "Mélanésie", issues à l'origine de théorisations racistes.
On montrera ainsi la manière dont les Insulaires de l’espace qu’on définira comme océanien (îles de peuplement d’origine Lapita, Papouasie, Australie, Nouvelle-Zélande) ont eu leur rôle à jouer dans les circulations humaines et les marchés mondialisés dès le début du 19e siècle. Si les peuples océaniens sont hétérogènes, on étudiera la manière dont les Insulaires ont pu poursuivre leurs intérêts propres tout en transformant leurs répertoires d’action. On abordera donc la question de l’évangélisation, les systèmes de domination coloniale et les recompositions territoriales qui en découlent, la vulnérabilité aux épidémies, ou encore la "jonction patriarcale" entre sociétés insulaires et normes missionnaires et coloniales. À l'aube des revendications indépendantistes, on évoquera la réappropriation par les populations locales de termes péjoratifs (Papous, Kanaks...) voire de catégories raciales ayant acquis, dans l'expérience historique commune de la discrimination, une pertinence politique ("Mélanésie"). On interrogera enfin l’instrumentalisation de la "coutume" à l'ère post-coloniale.
