Au point de départ de ce cours sont les Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture publiées en 1750 par J. J. Winckelmann. Il y défend la thèse, qui fera date, que les chefs d’œuvre d’art antique sont l’expression d’une noble simplicité et d’une grandeur sereine. L’un de ces chefs d’œuvre est le groupe sculpté du Laocoon. C’est cette thèse, sa postérité, ses difficultés qui seront étudiées. Elles engagent la définition de l’essence de l’art et de ses fonctions. Elles posent de manière aiguë la question de la norme de l’art et du canon. Elles interrogent le rapport de l’art à la nature. Elles poussent à réfléchir sur la conception que la philosophie de l’art et la philosophie en général se font de l’Antiquité.
La lecture des Réflexions sera complétée par celle de l’Histoire de l’art de l’Antiquité (1764) du même Winckelmann. Elle est à l’occasion interprétée comme le début de l’histoire de l’art au sens moderne. On s’appesantira sur les positions de G.W.F. Hegel dont les Cours d’esthétique posent une équation entre le bel art (l'art beau), l’idéal et le classique – en référence à Winckelmann. Jalon décisif dans la réception de Winckelmann est un ouvrage, lui-même amené à devenir canonique, à savoir le Laocoon (1768) de Lessing. On travaillera également les lectures que le « classicisme de Weimar », en particulier Goethe, Herder et Schiller, ont proposées de Winckelmann et la façon dont ils ont, à leur façon, articulé la question du beau, de l’art et de l’idéal, dans des perspectives esthétiques et politiques. La réflexion sur l’art classique antique engage donc en même temps l'identité de ce mouvement de pensée qu’est le classicisme allemand.
Enfin, il faudra examiner les critiques soulevées par l’interprétation winckelmannienne de l’art antique, au premier rang desquelles l’offensive lancée par Nietzsche. Elle est suivie par des théoriciens de l’art tels qu’Aby Warburg ou Carl Einstein dont les positions remettent en question la vision idéale de l’Antiquité. C’est aussi la modification du savoir archéologique dont il faudra prendre compte.
Le cours se place à la croisée de la philosophie de l’art et de la philosophie allemande.
Le corpus philosophique est volontairement enrichi par des réflexions d’auteurs qui sont, parfois en même temps, dramaturges, critiques d’art ou encore historiens de l’art.
