Florence Françon a rejoint l’ENS de Lyon le 11 octobre dernier. Le recrutement d’une personne dédiée à cette fonction faisait partie des engagements pris par la gouvernance dans le cadre du Plan Égalité de l’ENS de Lyon voté par les instances avant l’été, afin de contribuer à la fois au dispositif de lutte contre les violences sexistes et sexuelles et les discriminations, et plus largement, de renforcer les actions mises en œuvre pour l’égalité au sein de l’ENS de Lyon.
Avant son arrivée à l’ENS de Lyon, Florence Françon a notamment travaillé à l’Institut Gaston Berger de l’INSA où elle occupait des fonctions similaires. Elle a une formation en sociologie et est titulaire d’un master en études de genre.
Le rapport de l’IGÉSR concernant les violences sexistes et sexuelles à l’ENS de Lyon vient d’être publié, comment percevez-vous le contexte à l’ENS de Lyon ?
Il est vrai que j’arrive à un moment crucial, dans un contexte qui montre bien la vive sensibilité au sujet, au sein de l’ENS de Lyon et dans les médias. Il ne m’appartient pas de commenter un rapport de l’IGÉSR.
Comme l’a dit Jean-François Pinton, nous allons nous saisir des recommandations pour améliorer le dispositif existant, adopté et mis en œuvre au printemps dernier.
Au-delà des échos médiatiques qui ont suivi la publication du rapport, il est essentiel que les acteurs impliqués dans le traitement de ces questions puissent dialoguer et travailler concrètement.
Votre arrivée coïncide avec la prise de fonction de nouveaux référents, Natacha Portier et Philippe Daubias. Comment comptez-vous travailler ensemble ?
La première chose est de nous former à l’écoute, ce qui est en cours avec VSS-Formation, qui est également en charge de dispenser les 12 prochaines sessions de webinaires à destination des étudiants, des enseignants-chercheurs et des personnels administratifs (dont 2 en anglais).
L’ENS de Lyon ayant adhéré à la CPED (Conférence Permanente des chargé.es de mission Égalité et Diversité) cette année, nous allons pouvoir travailler en lien avec le réseau national des personnes référentes et chargées de mission Égalité dans l’enseignement supérieur afin de mutualiser nos expériences et nos expertises.
À la suite de votre prise de poste, quelles sont vos premières observations ?
Tout d’abord, j’ai eu plaisir à rencontrer une diversité d’acteurs impliqués dans une démarche collective et constructive : les services de l’ENS de Lyon (DRH, DAJI, SPST et service médical, Communication), les élus représentants des étudiants et des personnels et bien sûr les référents Égalité. J’ai appris qu’il y avait des relais égalité CNRS dans les laboratoires et des initiatives dans les écoles doctorales. Il me semble essentiel de pouvoir identifier et de m’appuyer sur ce réseau de personnes impliquées dans l’École, de le faire connaitre et de le développer.
D’autant que je ne pars pas de rien. Avant mon arrivée, cette mobilisation a permis de concrétiser plusieurs actions : la création d’un formulaire et d’une adresse de signalement, la création de la Cellule d’action qui se réunit chaque semaine pour traiter les situations individuelles, la création de la Commission de prévention dont la rencontre mensuelle permet d’identifier les enjeux en termes de sensibilisation.
À ce titre, plusieurs projets ont été initiés : la formation des acteurs des dispositifs action et prévention, la sensibilisation des responsables de structures, une journée de sensibilisation des primo-arrivants organisée à la rentrée par les élu⋅es étudiant⋅es ainsi qu’une campagne de prévention très visible dans l’École et sur les réseaux. La dynamique est bien lancée. Vous pourrez découvrir dès la semaine prochaine la 2e vague de la campagne d’affichage, avec notamment deux visuels sur la notion de consentement et un sur la nécessité de réagir quand on est témoin d’une situation de harcèlement.
En parallèle, 12 webinaires de sensibilisation vont être organisés en novembre et décembre à destination des étudiants, des enseignants-chercheurs et des personnels. Deux sessions en anglais sont prévues pour les étudiants.
Comment établir un climat plus serein sur le sujet des VSS à l’ENS de Lyon ?
Tout d’abord, les actualités démontrent que la thématique des violences sexistes et sexuelles, et plus largement celles basées sur le genre, sont des faits de société. Il est donc primordial qu’un établissement comme le nôtre s’en saisisse par des actions de sensibilisation et de formation, qui encouragent non seulement la prise de parole, mais qui représentent aussi un levier fort pour créer une culture de l’égalité, partagée par toute la communauté de l’ENS de Lyon.
On sait que ces sujets relèvent de l’intime et du tabou, leur expression fait aussi violence. Le premier objectif est d’établir un climat de confiance et d’œuvrer collectivement. Pour cela, il faut parler du sujet, susciter des prises de conscience permettant de créer un environnement où les victimes ne se sentiront pas seules, oseront s’exprimer. Seuls les cas identifiés peuvent être traités, cela semble une évidence, mais cela va mieux en le disant. C’est le rôle de la Cellule d’action qui étudie les signalements que nous recevons, Natacha Portier, Philippe Daubias et moi-même. Ainsi, toute personne en faisant la demande peut être écoutée et accompagnée dans un cadre bienveillant et confidentiel, et ce, dans une perspective globale de lutte contre les discriminations, les situations de violence et de harcèlement.
L’autre dimension de votre poste concerne l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, quelles sont vos missions sur ce sujet ?
Dans le cadre du Plan Égalité professionnelle 2021-2023 voté en juin dernier, il s’agit d’assurer le suivi et la mise en œuvre des actions identifiées par le comité de projet et le comité de direction, à travers quatre enjeux : le déroulement de carrière et les écarts de rémunération, l’accès aux métiers et aux responsabilités professionnelles, l’articulation des temps de vie professionnels et personnels, la prévention et la lutte contre les discriminations, les agissements sexistes, les violences et actes de harcèlement.
Là aussi, une collaboration étroite avec les personnes impliquées depuis le premier semestre 2021 et les services concernés par cette démarche me semble indispensable. Je compte donc poursuivre les prises de contact et les rendez-vous en interne afin de travailler de façon collective, par une approche intégrée et transversale de l’égalité.