9h-17h30
Nous ne vivons pas que dans un monde de choses, mais aussi de symboles et de mots qui façonnent une certaine image du monde. Quelle est celle que véhicule l’expression « développement durable » ? Les Nations Unies décrivent un monde harmonieux et pacifique, dans lequel un « développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable » permettrait de satisfaire les besoins des générations présentes sans compromettre ceux des générations futures. Or, cette image ne reflète ni le présent, ni un avenir proche. Les objectifs de développement durable (ODD) ne seront pas atteints d’ici à 2030, l’ONU constatant même que nombre d’entre eux reculaient.
Le secteur agricole fournit une bonne illustration de cet échec, lui qui est au cœur des interactions que les Nations Unies prétendaient vouloir nouer entre les enjeux de sécurité alimentaire, de pauvreté, de santé, de justice environnementale et climatique, d’accès à l’eau, de production durable, de protection du climat et de lutte contre la dégradation des sols. C’est en effet de leurs synergies qu’était attendue la réalisation de l’Agenda 2030. Pour autant, le « verdissement » des politiques publiques agricoles n’a pour l’essentiel accouché que de mesures palliatives sans changement de paradigme. Elles sont en outre les premières à être évacuées lorsque viennent les crises. Les deux épisodes récents du Pacte vert européen et de la loi française d’orientation agricole du 24 mars 2025 en témoignent suffisamment. Les mouvements de colères agricoles, déclenchés par une crise du revenu, ont progressivement tourné au procès des normes environnementales, considérées comme incompatibles avec la sécurité alimentaire (baisse de la productivité) et comme source d’une concurrence déloyale (normes de production plus contraignantes que celles d’autres pays).
Ce récit « productiviste » revient à dire que les trois piliers des ODD (économique, social et environnemental) seraient inconciliables. Les causes de cet échec sont certainement à rechercher du côté de la conception même des ODD, davantage juxtaposés que réellement corrélés. Si nous disposons d’un vocabulaire (celui des ODD et de leurs cibles) et « d’indicateurs de suivi » de chacun des objectifs, nous ne connaissons pas la « grammaire », politique, économique et juridique, qui permettrait d’écrire « le récit de l’Agenda 2030 », c’est-à-dire les politiques publiques et le droit qui permettraient de le concrétiser.
Pour trouver cette grammaire, nous avons besoin de nous munir d’un guide. En liant de manière indissociable la santé humaine, celle de l’environnement et celle de la société dans son ensemble, une approche fondée sur la « santé commune » (voir schéma) pourrait-elle nous guider vers une véritable interpénétration des trois piliers du développement durable permettant de surpasser leur juxtaposition stérile ? Vaut-il mieux privilégier certains des concepts qui colonisent actuellement la vie intellectuelle et politique : One Health, Global health, Planetary health, Agroécologie, souveraineté et sécurité alimentaire, droits fondamentaux ? Chacune de ces approches conceptuelles est sans doute susceptible de constituer un guide pour aller vers la concrétisation des ODD. Mais aucune ne place le « curseur » des rapports entre les trois piliers du développement durable au même endroit.
L’objet de la journée d’étude sera de confronter ces différentes approches conceptuelles et d’identifier celles qui seraient susceptibles de nous propulser sur la voie d’une véritable interpénétration des ODD.
Programme
Matin
9h : Allocution d’ouverture par Grégory Doucet, Maire de Lyon
9h20 : Présentation des tables rondes
9h30 – 10h45 : Table ronde 1. Agroécologie, souveraineté alimentaire, système commercial « juste et axé sur le marché », développement durable, droits humains fondamentaux, sécurité alimentaire : comment retrouver les ODD dans le fouillis des concepts ? Avec F. Collart Dutilleul, F. Giansetto, V. Pironon, F. Riem.
10h45 – 11h : Pause
11h – 12h30 : Table ronde 2. La santé commune a-t-elle un pouvoir opératoire au regard des ODD ? Comparaison avec des concepts proches tels que One Health, Global health, Planetary health. Avec F. Collart Dutilleul, O. Hamant, I. Negrutiu, F. Riem.
Après-midi
14h – 15h30 : Table ronde 3. Résilience ou robustesse ? Conceptualiser les systèmes alimentaires pour les mettre au service des ODD. Avec O. Hamant, F. Giansetto, A. Monnin, V. Colomb.
15h30 – 15h45 : Pause
16h – 17h30 : Table ronde 4. Discussion générale : quelle(s) approche(s) conceptuelles privilégier pour écrire la grammaire des ODD ? Avec F. Collart Dutilleul, V. Colomb, F. Giansetto, O. Hamant, A. Monnin, I. Negrutiu, V. Pironon, F. Riem.
Gratuit
Mots clés