Cette thèse d’histoire de la pensée politique, qui se concentre sur une des périodes les plus actives de la trajectoire de Michel Foucault, retrace les collaborations et les tensions avec les milieux intellectuels et politiques au sein desquels le philosophe a dialogué, l’identifiant comme un acteur des années « post-68 ». La contextualisation approfondie des travaux foucaldiens de 1976 à 1979 nous éclaire sur les enjeux liés à leur genèse et aide à comprendre de quelle manière ils forment un ensemble, traversé par un certain nombre de problématiques centrales liées aux questions du rôle de l’intellectuel et du rapport entre théorie et pratique. Nous montrons, dans un premier temps, en quoi le cours « Il faut défendre la société » (1976) marque un moment de rupture, introduisant, par là même, un renouvellement de l’approche éthico-critique du philosophe. Ainsi se trouvent définis les cadres politique, critique et théorique dans lesquels vient se déployer l’analyse de la gouvernementalité, que nous étudions à l’aide d’archives inédites (manuscrits, documents de travail, transcription de discussions). Interrogeant le rapport de Foucault aux historiens et historiennes de son époque, nous analysons l’évolution du débat qui s’est construit entre eux et faisons apparaître une série de remaniements théoriques et méthodologiques qui inaugurent une nouvelle phase de travail chez Foucault, marquée par un rapport particulier entre philosophie et histoire. L’étude de ces transformations nous permet de dégager, enfin, les étapes du développement d’une approche nominaliste, à travers laquelle le philosophe précise sa conception historique de la politique moderne et aborde les rationalités libérale et néolibérale de gouvernement.
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