Ce travail s’intéresse à la poétique du personnage dans le récit et le roman balzacien à partir de 1842. Il mène l’hypothèse d’une représentation spécifique de la conscience individuelle dans la fiction, fortement influencée par le contexte d’écriture de la dernière partie de La Comédie humaine et les expériences vécues par Balzac à cette période. La date de 1842 est retenue comme borne chronologique en raison de la parution de l’ « Avant-Propos », l’annonce de la mort du comte Hanski et la publication généralisée des romans balzaciens en feuilletons et en Furne. La cohérence du corpus s’impose au regard de la pulvérisation du prestige du personnage. La représentation de l’intériorité, de l’intersubjectivité et de la narration de l’individu de fiction est particulièrement ambiguë dans cette période et autorise à évoquer l’émergence d’un sujet balzacien, sujet conscient, réflexif et fictionnel qu’on étudiera suivant trois idées. D’abord, on montrera que le sujet présente une conscience réflexive de sa propre complexité identitaire. On explorera ensuite sa nécessaire définition par le regard d'autrui et l'élection du couple, à la fois comme figure textuelle recodifiant les rapports intimes, et comme structure qui configure la population fictionnelle. Enfin, on montrera que le sujet présente un rapport ambigu à la narration et au narrateur, où les discours se mélangent, les identités s'interceptent, les frontières de la fiction sont remises en cause par la porosité entre les mondes et espaces intérieurs. Des sujets comme Louise de Chaulieu et Renée de l’Estorade, Canalis et La Brière, Félicité des Touches et Béatrix, Bixiou et Léon de Lora, Dinah de La Baudraye et Lousteau, Pons et Schmucke, Lisbeth Fischer et Valérie Marneffe, et enfin Lucien de Rubempré (à qui nous devons notre titre) et Vautrin seront au cœur de l’analyse de ce qu’on pourra établir comme une proposition d’ontologie narrative du sujet de fiction.
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