La capacité à produire du lait (i.e. la lactation) est capitale pour le développement des juvéniles chez les mammifères et est un facteur déterminant dans l’adoption de stratégies de reproduction et d’occupation de certaines niches écologiques. Toutefois, de nombreuses questions demeurent encore quant à la l’histoire évolutive de ce trait, notamment parce que les glandes mammaires et le lait ont un potentiel de fossilisation quasi nul. Afin de fournir des nouvelles perspectives sur cette question, j’ai exploré, au cours de cette thèse, les possibilités offertes par l’étude du calcium (Ca) contenu dans les os et les dents. D’une part, j’ai réalisé un suivi isotopique d’une population de cochons domestiques femelles (Sus scrofa domesticus) au cours d’un cycle complet de reproduction (insémination, gestation, sevrage). D’autre part, j’ai comparé les compositions isotopiques du Ca des ossements de populations de cerfs élaphes (Cervus elaphus), de souris domestiques (Mus musculus), de tammar wallabys (Macropus eugenii), d’échidné à nez court (Tachyglossus aculeatus) et d’ornithorynques (Ornithorhynchus anatinus) chez lesquelles le sexe des individus était connu. Le cas du cerf élaphe a fait l’objet d’une étude plus poussée en parallèle d’une population de rennes fossiles (Rangifer tarandus). Ces études ont permis de fournir des données de premier ordre pour faire avancer les connaissances autour des effets de la lactation sur la composition isotopique du Ca dans l’organisme. Les résultats obtenus durant cette thèse ouvrent de nouvelles pistes d’exploration autour de cette question et permettent de clarifier le potentiel de cette technique pour documenter l’évolution de la lactation chez les espèces fossiles. En outre, les données produites durant cette thèse offrent des perspectives intéressantes dans les domaines du biomédicale et de la paléoécologie.
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