La rue de la République, grande artère haussmannienne et commerçante, est sans doute la plus célèbre des rues de Lyon. Elle concentre les caractéristiques de la centralité (chambre de commerce, grands magasins, banques) et incarne le centre-ville pour beaucoup d’entre-nous.
Elle représente un cas d’école pour l’étude des relations entre les logiques économiques et les dynamiques urbaines. La rue de la République a en effet une particularité rare en France : la plupart des immeubles de la rue appartiennent au même propriétaire, la Société de la Rue Impériale, qui les a bâtis puis exploités pendant plus de 150 ans (1854-2004). Dans les années 2010, leur rachat par le fonds souverain d’investissement d’Abu Dhabi témoigne du rôle de la financiarisation dans les évolutions des villes.
Au cours de son existence, la Société de la Rue Impériale n’a cessé de soulever des questions cruciales de la socio-économie de la ville et apporte des éclairages sur quelques-unes d’entre-elles : quels capitaux s’investissent dans la fabrique de la ville, quels revenus l’immobilier génère-t-il, comment sont-ils réinvestis,… ?
À partir des archives de la Société de la Rue Impériale, Loïc Bonneval et François Robert montrent comment cette émanation d’une fraction de la bourgeoisie lyonnaise du Second Empire soucieuse d’imprimer sa marque sur l’espace urbain a d’abord mené une politique d’expansion immobilière avant de se plier, dès les années 1960, à une logique financière dont le rachat en 2010 est le prolongement, plus qu’une rupture brutale.
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