Masterclass « Round River »
par Dominique Marchais (cinéaste, documentariste)
We need knowledge – public awareness – of the small cogs and wheels, but sometimes I
think there is something we need even more. It is the thing that Forest and Stream, on its
editorial masthead, once called ‘a refined taste in natural objects.’
Have we made any headway in developing ‘a refined taste in natural objects’?”
Aldo Leopold, Conservation
Dans cet atelier nous allons réfléchir avec Aldo Leopold, le forestier et écrivain américain, à partir de deux textes : Round river et Conservation (dans le recueil La Terre comme communauté aux éditions Wildproject). Nous allons essayer de comprendre ce que Leopold entend par « round river » et par « goût raffiné pour les objets naturels » en observant un objet naturel particulier, celui qui se trouve à quelques encablures de l’école, le confluent du Rhône et de la Saône. Un confluent aide à comprendre ce qu’est un bassin versant, mieux sans doute que la source ou l’embouchure car le réseau hydrographique, que l’on visualise d’habitude en regardant une carte, s’offre ici au regard, sans médiation.
L’observation du confluent et l’effort pour le représenter nous aideront certainement à mieux comprendre les expressions de Leopold, car il était un homme de terrain et ses notions abstraites sont toujours issues de son expérience professionnelle des milieux naturels – et aussi parce l’effort, la prudence, le doute, l’observation attentive participent, me semble-t-il, de ce « goût raffiné » dont Leopold aimerait qu’il se généralise.
Tout porte à croire que ce que Leopold trouve « raffiné », c’est d’abord la reconnaissance de notre ignorance, et ensuite, nos efforts, nos stratagèmes, pour réduire cette ignorance. La grande question, pour lui – et pour nous dans cet atelier – c’est la biodiversité. Qu’en voit-on lorsque l’on est face au confluent ? Rien d’abord. Du coup, comment produire de la connaissance, comment savoir ce qu’il y a dans la rivière quand la rivière s’inscrit comme un mur entre nous et les milieux ? Il s’agira donc avec cet atelier de s’efforcer de donner à voir ce qui se dérobe au regard. Soit d’enquêter sur quelques-uns des outils dont on dispose pour voir l’invisible, le peu visible, le difficilement visible. Moyens très sophistiqués (ADN environnemental, analyse moléculaire des otolithes…), ou rudimentaires (pêche) ou encore des techniques procédurales comme les inventaires, qui donnent à voir aussi des dynamiques. L’enquête porte donc sur les moyens de voir, et de donner à voir, la biodiversité des cours d’eaux (poissons, insectes, castors…). Rien ne dit que les inventaires urbains de Georges Perec ne nous soient pas utiles dans ce travail, à titre de comparaison (Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, Lieux, Penser/classer).
Le médium pourra être filmique, sonore ou articuler de la photographie et du son (enregistrement, lecture, performance...) Vous travaillerez en groupes pluridisciplinaires (étudiants en cinéma et étudiants en géographie ou autres disciplines). 4 ou 5 groupes au maximum qui devront être formés à la suite du premier rendez-vous.