Nos quotidiens sont peuplés de questionnements qui d’une manière ou d’une autre s’intéressent aux matières et aux énergies en tant qu’elles circulent ou s’accumulent. Où atterrissent les déchets recyclables des Nords ? D’où vient l’uranium qui permet le nucléaire ? Dans quelles conditions les éléments qui composent nos téléphones sont-ils extraits ? Comment empêcher la migration des micro-plastiques vers les océans ? Ces questionnements s’inscrivent en partie dans des considérations de géopolitique et de justice socio-environnementale : quels espaces et quels corps sont traversés et transformés par les circulations et les stagnations de matières et d’énergies qui composent nos économies mondialisées ? Elles s’inscrivent plus largement dans un cadrage politique
particulier : celui du gouvernement des matières et des énergies.
Les notions de circularité, de circulation et de proximité se sont affirmées comme des principes structurants censés réguler la gestion des déchets ainsi que les politiques énergétiques, cependant que ces principes restent particulièrement difficiles à mettre en œuvre. Qualifier et quantifier les circulations, envisager des circuits bouclés et des structures de gestion répondant à l’injonction de proximité, font ainsi partie des problèmes auxquels un abondant corpus d’études s’efforce de répondre.
Cette montée en puissance de l’imaginaire de la circularité est appréhendée par de nombreuses approches, opérationnelles et analytiques, positivistes ou critiques, en recherche et en gestion. Ce cours choisit d’explorer, parmi les différentes approches possibles, celle de l’écologie politique, qui s’intéresse aux rapports de force à l’oeuvre dans la mise en circulation des matières et des énergies, ainsi que dans la production de connaissances sur les métabolismes socio-environnementaux. Il contient une partie théorique sur les manières dont ces questions sont abordées en sciences sociales, ainsi qu’une partie pratique où les étudiant-es seront invité-es à chaque cours à s’exercer aux méthodologies d’enquête sur les circulations. Les étudiant-es seront également amené-es à exercer leurs capacités d’analyse sur les données et les récits produits sur les circulations et les accumulations
de matières et d’énergie.
Une particularité du cours est qu’il sera combiné avec la tenue du séminaire de recherche de l’atelier « Flux et circulation » du laboratoire Environnement Ville Société. Les étudiant-es assisteront aux séances du séminaire du premier semestre et rencontreront des chercheur-euses qui s’intéressent au fonctionnement matériel et énergétique de nos sociétés.