Ce cours propose d’explorer la première modernité à partir de son rapport ambivalent à l’animal – à la fois l’animal réel, qu’il soit de compagnie ou qu’il peuple les ménageries royales, et l’animal littéraire, mis en texte, décrit, observé, raconté, personnalisé. Dans le sillage des débats soulevés par la thèse cartésienne des animaux-machines, le « parti pris des animaux » investit, en effet, une littérature qui multiplie les expériences, les observations, voire les expérimentations sur la nature animale. Des productions salonnières (conversations, poésies, fables, discours, histoires et contes) destinées à un public élargi curieux de zoologie dialoguent avec l’empirisme scientifique tel qu’il s’élabore à l’époque dans les académies savantes. Le discours sur l’animal se voit également instrumentalisé de manière contrastée par les apologistes célébrant les merveilles de la nature et les libres penseurs interrogeant la frontière entre l’homme et l’animal. La question animale ouvre ainsi sur un ensemble d’échanges complexes au sein d’une même « culture de la curiosité » pour le vivant et contribue à l’émergence de formes nouvelles de représentation de l’animal.
Il s’agira en particulier :
- De prendre la mesure des ambiguïtés et des tensions qui parcourent le discours animal/sur l’animal à cette époque
- De s’intéresser aux apports croisés de la littérature et de l’écriture scientifique
- De croiser questions de genre et postures d’autorité : quel espace d’expression possible pour les femmes, les mondains, les amateurs et les occasionnels du savoir sur l’animal ?
En s’appuyant notamment (mais pas exclusivement) sur les apports de la critique contemporaine en écopoétique et écocritique, il s’agira de comprendre comment a pu être perçu et pensé l’animalité au XVIIe siècle.
