En France, l’accompagnement de la crise psychique est assuré par l’hôpital psychiatrique public qui rencontre des difficultés économiques, conjoncturelles, et morales. Le rétablissement s’impose progressivement comme une approche adaptée aux besoins des usagers, et il convient de documenter les alternatives à l’offre de soins habituelle. La thèse vise à déterminer les facteurs individuels et sociaux qui modifient l’expérience de la crise psychique, par l’ethnographie d’un dispositif de soin innovant, le Lieu de Répit Marseille. L’analyse montre les intérêts, et les limites, de cet accueil communautaire, en comparaison à l’hôpital psychiatrique. L’intervention de travailleurs pairs interroge la place du savoir expérientiel en santé, et la relation entre soignants et soignés dans une perspective d’épistémologie sociale. Par une convention industrielle de formation par la recherche (CIFRE), la thèse a contribué à la modélisation interventionnelle.
La majeure partie de la recherche a été menée dans le cadre d’une recherche-action participative. Dans ce cadre, la réflexivité implique une double alternance. La première, classique, entre implication et distanciation ; la seconde, plus rare, entre animation de la recherche et analyse de processus. La thèse est construite en quatre parties de deux chapitres chacune. La première décrit le contexte de l’expérimentation avec une approche spatiotemporelle, et méthodologique afin d’en révéler les normes et valeurs. La seconde porte sur la construction théorique et pratique du dispositif, en affinant les concepts moraux mobilisés, et en décrivant le modèle interventionnel. À partir de l’analyse du rôle des travailleurs pairs, la troisième partie étudie les savoirs expérientiels, et leurs conséquences sur la dynamique professionnelle et personnelle des intervenants. Enfin, la quatrième partie présente le parcours d’usagers de la psychiatrie et du lieu de répit, et montre comment ces deux environnements modifient l’expérience de la crise.
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