Agenda de l'ENS de Lyon

L'atelier : Concepts voyageurs, approches aréales, vise à examiner la manière dont les concepts circulent d'une société à l'autre, dont celles-ci s'en emparent, en modifient le sens et en font usage, produisant parfois des effets insoupçonnés. Cet atelier s'appuie sur des terrains d'enquêtes situés à travers le monde, hors des frontières nationales, en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe, aux Amériques ou en Océanie. Il entend mobiliser les chercheurs et laboratoires de l'ENS de Lyon et des universités lyonnaises désireux de confronter leurs expériences de terrains et les ajustements de sens auxquels il donnent lieu.

La première séance de cet atelier est consacrée au concept de révolution.

Kmar Bendana, université de La Manouba : Que peut apporter l’expérience révolutionnaire tunisienne à l’étude des révolutions ?

La Révolution tunisienne date de 13 ans. Elle a éclaté dans un régime politique verrouillé, pris de court par des mobilisations de 29 jours (entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011) et s’est achevée par le départ de Zine El Abidine Ben Ali, jamais revenu depuis. 

Le scénario inédit, relayé par facebook et twitter aux médias internationaux a contribué à faire exploser surprise et énergie politiques. Le soulèvement tunisien a été suivi d’une série de mobilisations (Egypte, Libye, Yémen, Syrie…) entraînant des déstabilisations de la région sud méditerranéenne. 

Qualifiée de révolution sans leaders, la révolution tunisienne traverse des rebondissements dont le plus saillant est l’élection d’un président de la République (2019) qui suspend la Constitution qui l’a fait élire (2021), rassemble les pouvoirs de légiférer et emprisonne plusieurs figures de la scène politique créée depuis 2011.

Comment interpréter les étapes, situer les querelles (qualification de l’événement, identitaire, mémorielle…) suscitées, apprécier l’importance du voisinage et de la géo-politique ainsi que le rôle de l’armée dans la fabrique du moment révolutionnaire ? Au-delà des jugements de réussite ou échec, comment les effets sur l’organisation du pouvoir, les suites économiques et les incidences sociales et culturelles peuvent nourrir des hypothèses sur les processus et les temporalités en action ? 

François Guillemot, Institut d'Asie orientale : La « Révolution » au Viêt-Nam : une phénoménologie ?

La révolution vietnamienne, sous l’égide des dirigeants communistes et/ou nationalistes, et/ou religieux ou millénaristes, a été intimement liée aux processus de décolonisation et de guerre intestine. Mais ces processus ont revêtu de multiples formes et façonné des imaginaires contradictoires. De quelle révolution parle-t-on au Viêt-Nam ? Cette communication s’intéressera à trois aspects du phénomène révolutionnaire vietnamien en interrogeant d’abord la sémantique qui installe le propos et une méthodologie politique, puis les différents processus indépendantistes révolutionnaires et leur imbrication dans la guerre civile de réunification, et posera la question d’un « révolutionnarisme », dans un pays divisé puis dans un pays réunifié désormais capitaliste « à orientation socialiste » dans lequel la révolution fait système (pensée Ho Chi Minh).

Pour s'y retrouver dans la complexité des organisations, on peut se reporter à ce document en ligne : 

Aperçu illustré sur les organisations politiques, religieuses et culturelles vietnamiennes contemporaines (2017)