Parmi les penseurs politiques espagnols des XVIe et XVIIe siècles, l’œuvre de Machiavel suscita des réactions extrêmement diverses, allant d’une grave indignation à un vif intérêt, en passant par une secrète approbation. La fortune espagnole de Machiavel fut décisivement marquée par son temps, en particulier par une Contre-Réforme qui choisit de faire de lui une cible à abattre en le mettant à l’Index des auteurs prohibés. Cependant, en dépit de l’hostilité que nombre d’auteurs espagnols prétendent manifester à l’égard du Florentin, une étude détaillée et étendue de la littérature politique du Siècle d’or démontre que l’auteur du Prince exerça sur la pensée espagnole une influence majeure. Machiavel, malgré l’opprobre et les interdits pesant en Espagne sur ses travaux, fut ainsi largement et activement lu, médité, et assimilé, selon des modalités variées que cette thèse s’est proposée d’étudier en détail. La réprobation ne fut souvent ainsi qu’une façon de commenter Machiavel, de préciser certaines de ses idées (en développant par exemple une remarquable théorie de la simulation et de la dissimulation), ou de démontrer l’inapplicabilité pratique de quelques-uns de ses enseignements. Ce travail a donc l’intention de démontrer que l’Espagne fut à sa manière une des interlocutrices les plus dynamiques de Machiavel, bien au-delà de l’anti-machiavélisme dont elle prétendit souvent se faire le chantre.
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