La Saint-Barthélemy a été l’événement le plus marquant de la fin du XVIe siècle français puis est devenue une espèce d’événement conceptuel, exemplaire sous deux aspects : il est devenu à la fois le symbole de l’intolérance religieuse et de la raison d’État, et un défi pour le travail des historiens puisque certaines données factuelles semblent s’être dérobées dès les lendemains du drame pour ne jamais être complètement élucidées.
Il me semblait donc intéressant de comprendre ce que la Saint-Barthélemy avait pu changer à la conception et à l’écriture de l’histoire et donc de partir des récits des tout premiers historiens de l’événement. Or, la lecture de ces récits, comparée à celle des épisodes précédents des guerres de Religion, a permis de constater que non seulement la Saint-Barthélemy avait bien contraint les historiens à reprendre à nouveaux frais la conception classique de l’histoire envisagée comme « magistra vitae » pour élaborer un nouveau concept de vérité, mais qu’elle conduisait à repenser deux autres questions : celle de la responsabilité, puisque c’est la question principale qui s’est posée immédiatement et qui reste un des problèmes encore non élucidé, et, conséquence directe de la précédente, la question de la causalité. Si les historiens centrent leur recherche sur la question de savoir qui a ordonné le massacre, la causalité s’est alors décentrée de Dieu vers l’homme. C’est pourquoi nous soutenons que la Saint-Barthélemy a finalement entraîné ce que nous avons appelé une « dé-providentialisation » de l’histoire.
Tout cela nous a finalement conduit à soutenir que la Saint-Barthélemy inaugurait une nouvelle conception de l’histoire car il s’agit bien du premier événement à être perçu comme tel.
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