Les enceintes connectées et la myriade de périphériques de l’Internet of Things (IoT) qui peuvent leur être associés introduisent dans l’espace domestique de nombreux capteurs, à commencer par des microphones perfectionnés, mais aussi de plus en plus des caméras ou des détecteurs de mouvement. Connectées à Internet, elles sont opérées par des entreprises très puissantes comme Alphabet/Google, Amazon ou Apple, dont le modèle d’affaires consiste à exploiter les données produites par leurs utilisateurs afin de les profiler. Leur introduction au sein des espaces domestiques, historiquement construits comme les lieux par excellence du ressourcement et de l’intimité personnelle ou familiale, provoque des réactions de rejet marquées de la part de nombreux individus. L’expérience montre en effet que les pratiques de traçage sur Internet ont déjà mené à une forte érosion de la vie privée en ligne dans les perceptions individuelles. L’extension de la numérisation du Monde aux espaces domestiques pourrait-elle mener à la fin du domicile en tant qu’espace perçu et conçu comme le lieu paroxystique du privé ?
Ce travail se fonde sur des entretiens peu directifs menés auprès d’utilisateurs et de non-utilisateurs d’enceintes et de dispositifs connectés, une revue de la presse et de la documentation technique sur le sujet, des observations participantes (notamment auprès d’une association de défense des libertés civiles à l’ère numérique) et une recherche-action menée par un organisme de normalisation pour l’Internet impliquant régulateurs publics, entreprises, chercheurs et associations.
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