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Toute œuvre de théâtre recèle une part citationnelle, fût-ce à l’état résiduel, et chaque artiste hérite plus ou moins directement de formes antérieures, en s’inscrivant dans des continuités, en assumant ou en revendiquant des filiations, en mettant en jeu et en circulation des références esthétiques, poétiques comme formelles. Ce laboratoire junior d’études théâtrales, en dialogue avec les études chorégraphiques et l’histoire de l’art, souhaite interroger les modalités par lesquelles s’exercent ces continuations, dans le théâtre moderne et contemporain (20e-21e siècles), principalement français et européen, mais sans limitation géographique, dans la mesure où l’histoire de la mise en scène moderne est pétrie de circulations interculturelles.
Le champ chorégraphique s’est amplement constitué autour de la catégorie de répertoire et n’a cessé de travailler la question citationnelle (I. Launay, 2019). Le champ théâtral quant à lui, dans ses pratiques d’apprentissage et de création, semble moins s’articuler, a priori, autour de la transmission et de l’appropriation de formes. Le répertoire dramatique textuel a certes en partie structuré l’histoire de cet art, mais sur le plan des formes scéniques (mise en scène, jeu), les héritages ou survivances de motifs, d’outils et de procédés semblent moins monolithiques que la « reprise » d’un répertoire gestuel, formel ou spatial objectivable. Pourtant, l'identité d’un artiste, d’une œuvre ou d’un spectacle n’en est pas moins faite d’emprunts, et par conséquent d’empreintes, plus ou moins manifestes ou décisives.
Si les études théâtrales ont pu mobiliser, en le transformant, le concept d’intertextualité, ce dernier a pour désavantage de se désintéresser d'une perspective généalogique au profit d’une approche par réseaux de référentialité. Dans le sillage des recherches d’Aby Warburg et de ses relectures contemporaines (G. Didi-Huberman, 2002 ; A. Creissels, 2019), ce laboratoire interrogera les circuits à travers lesquels des formes spectaculaires « survivent », tant dans les réseaux institutionnels et de formation qui assurent leur transmission que dans le tissu d’autres spectacles qui les travaillent comme référence. Manière d’aborder la question de l’héritage dans une perspective empirique – en interrogeant le statut de ces traces formées par l’appropriation, l’intégration, la digestion d’éléments antérieurs ou allogènes dans un spectacle, dans le prolongement de travaux récents qui se penchent sur les pratiques du reenactment, du refaire ou de la copie (A. Carré, M. Rhéty et A. Zaytzeff (dir.), 2013 ; A. Pellois et T. Gonzales, 2021 ; C. Triau (dir.), 2023) – et dynamique, puisqu’il s’agit de saisir comment ces empreintes continuent d’agir, sur le plan esthétique, à l’intérieur d’une œuvre.
Les activités du laboratoire impliquent un travail d'analyse esthétique, adossé à des cycles de projections de captations de spectacles et à des ateliers de recherche mobilisant des archives sonores ou iconographiques. Nous souhaitons également créer un espace de dialogue entre artistes, chercheurs et dramaturges, autour des notions de citation (F. Fix et F. Toudoire-Surlapierre, 2010), de transmission, de circulation des références et de mémoire théâtrale (Marion Denizot (dir.), 2013), à l'occasion de tables rondes.
Date de création
Janvier 2025
Date de clôture
Décembre 2027
Porteurs et porteuses du projet
- Lucie MOREL,
- Antoine PALÉVODY,
- Anna THIRIOT
Mots clés
- lucie.morel [at] ens-lyon.fr (lucie[dot]morel[at]ens-lyon[dot]fr)
- anna.thiriot [at] ens-lyon.fr (anna[dot]thiriot[at]ens-lyon[dot]fr)
- antoine.palevody [at] ens-lyon.fr (antoine[dot]palevody[at]ens-lyon[dot]fr)